C'est la nouvelle arnaque à la mode pour piller discrètement votre compte bancaire
Une nouvelle fraude bancaire gagne du terrain depuis quelques semaines. Basée sur des micro-transactions quasi indétectables, elle touche de plus en plus de Français, souvent sans qu'ils s'en rendent compte.
Pas besoin d'un gros virement pour se faire dépouiller. Depuis quelques mois, les escrocs perfectionnent une méthode qui joue sur l'invisibilité. Plutôt que de vider brutalement un compte, ils préfèrent le grignoter peu à peu. Quelques euros par-ci, quelques centimes par-là, jusqu'à ce que la victime découvre – parfois trop tard – que son argent s'est évaporé sans bruit.
Le principe est redoutablement simple. Une fois les données bancaires volées, les fraudeurs déclenchent une série de micro-transactions qui se fondent dans le flot quotidien des dépenses courantes. À la lecture du relevé, il est facile de penser qu'il s'agit d'un café acheté rapidement, d'un ticket de métro ou d'une commande passée sur internet. Même les systèmes automatiques de détection des banques hésitent à s'alarmer face à des montants aussi dérisoires. Ce camouflage permet aux voleurs de prolonger leurs ponctions pendant des semaines, voire des mois.
Reste à savoir comment ces informations confidentielles tombent entre leurs mains. La première source, toujours d'actualité, est le phishing. Un mail imitant celui d'un service public ou d'un grand site marchand, un SMS pressant soi-disant envoyé par sa banque, et l'internaute finit par transmettre ses coordonnées sans s'en apercevoir.
Mais ce n'est pas la seule voie : de faux sites et de fausses applications, parfois très bien imités, se répandent sur la toile. Certaines entreprises sont même directement piratées, leurs bases de données entières revendues ensuite sur le dark web. Selon l'éditeur de cybersécurité Kaspersky, pas moins de 2,3 millions de numéros de cartes circulent actuellement sur ces marchés parallèles, dont 95 % toujours exploitables.
Cette discrétion rend le phénomène difficile à endiguer. Beaucoup de victimes ne remarquent rien, persuadées qu'elles ont fait elles-mêmes ces petites dépenses. Les escrocs jouent sur la psychologie : rares sont ceux qui interrogent chaque mouvement de quelques euros. L'habitude d'acheter rapidement en ligne ou de payer sans contact banalise ces débits minuscules, et les fraudeurs en profitent.
Face à cette menace, la vigilance reste la meilleure arme. Scruter régulièrement ses relevés, même pour de faibles sommes, devient une nécessité. Les spécialistes conseillent aussi d'activer l'authentification à double facteur, de vérifier l'adresse d'expédition de chaque message suspect et d'éviter de sauvegarder sa carte bancaire sur des sites ou des applications. Au moindre doute, mieux vaut bloquer sa carte, alerter sa banque et déposer plainte. Un réflexe qui peut limiter les dégâts avant que le compte ne soit siphonné.
Car si cette technique semble moins brutale que les arnaques traditionnelles, son efficacité est redoutable. À force d'accumuler ces micro-débits, les fraudeurs parviennent à faire disparaître des centaines, voire des milliers d'euros. Une lente hémorragie qui rappelle une évidence : dans le monde numérique, le danger n'est pas toujours spectaculaire. Il peut se cacher dans la discrétion d'un simple prélèvement de quelques centimes.