Voici comment des entreprises surveillent leurs employés en télétravail - tout est espionné

Voici comment des entreprises surveillent leurs employés en télétravail - tout est espionné

Une entreprise peu scrupuleuse vient d'écoper d'une lourde amende pour avoir surveillé ses salariés en télétravail avec des méthodes intrusives et illégales. Une pratique qui n'est pas isolée.

Depuis la pandémie, le télétravail a le vent en poupe dans les entreprises, pour le plus grand bonheur des salariés. Cela permet d'éviter de perdre du temps dans les transports et ainsi de dormir un peu plus longtemps le matin, de travailler dans un environnement convivial, de pouvoir organiser son temps plus librement et de pouvoir travailler en déplacement.

Mais encore faut-il que les entreprises fassent confiance à leurs salariés ! Ces derniers temps, de plus en plus d'employeurs essayent de faire marche arrière. Mais d'autres prennent des mesures plus radicales et très indiscrètes pour garder un œil sur leurs collaborateurs en télétravail : certains n'hésitent d'ailleurs à utiliser des outils tels que les logiciels de surveillance des e-mails et de la navigation sur Internet ou encore grâce à des systèmes de vidéosurveillance, des webcams dotées de technologies de suivi du regard ou des logiciels d'enregistrement de frappes au clavier ou de mouvements de souris. Bref, de l'espionnage pur et simple !

Une société vient ainsi d'être épinglée pour des pratiques abusives et illégales. Dans un communiqué publié le 4 février, la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) explique avoir sanctionné une entreprise par une amende de 40 000 euros pour avoir surveillé de manière disproportionnée ses salariés pendant leur temps de travail à domicile.

Le fameux outil de suivi © Time Doctor

Ainsi, les employés en télétravail étaient surveillés par Time Doctor, un logiciel installé sur leurs ordinateurs et chargé de mesurer leur temps de travail et leur productivité. Il détectait ainsi automatiquement si aucune frappe du clavier ou aucun mouvement de souris n'avait été effectué pendant une durée de 3 à 15 minutes.

Si c'était le cas, la période était comptabilisée et, si elle n'était pas justifiée par le salarié ou rattrapée, elle pouvait faire l'objet d'une retenue sur salaire. Pourtant, ces moments pouvaient aussi être dus à une réunion ou un appel dans le cadre du travail, donc la méthode n'était pas fiable. Le logiciel mesurait également le temps passé sur des sites Web identifiés comme "productifs " par la société. Le temps passé ailleurs, jugé non productif, était automatiquement décompté.

Pour ne rien arranger, Time Doctor effectuait des captures d'écran des salariés en télétravail, à une fréquence allant de toutes les 3 à toutes les 15 minutes. Captures d'écran qui pouvaient enregistrer des "courriels personnels, conversations de messageries instantanées ou mots de passe confidentiels", souligne la CNIL.

Les employés en présentiel n'étaient pas épargnés non plus ! Ils étaient filmés en permanence par deux caméras, officiellement installées pour prévenir les vols. Mais les vidéos pouvaient être consultées en temps réel, et donc être utilisées pour surveiller le comportement des salariés.

En France, par son pouvoir de direction, l'employeur a le droit de contrôler et de surveiller l'activité des salariés pendant leur temps de travail, à condition de respecter leurs droits fondamentaux et leurs libertés individuelles. Il a donc l'obligation de les informer s'il met en place des dispositifs de ce type et de s'efforcer de respecter au maximum leur vie privée. Ce qui n'a clairement pas été le cas ici. La société, dont le nom n'a pas été divulgué, a été ainsi sanctionné par la CNIL au titre de plusieurs manquements au RGPD, le règlement européen concernant la protection des données personnelles, notamment l'obligation d'information des personnes concernées.