Clap de fin pour l'aide financière à l'installation des thermostats connectés
Coup dur pour l'aide à l'installation des thermostats connectés dans les foyers ! Le Gouvernement s'apprête à y mettre un terme, alors que le dispositif deviendra bientôt obligatoire dans tous les logements.
Le thermostat connecté a le vent en poupe en ce moment ! Cet outil, qui est directement relié au chauffage, s'ajuste tout seul en fonction de la température ambiante, de l'heure de la journée ou de son paramétrage, et ce, pièce par pièce. On peut même contrôler le dispositif à distance via son smartphone, et donc régler la température du logement en étant à l'extérieur. Les consommations en énergie sont ainsi plus proches des besoins réels.
Afin de lutter contre la surconsommation électrique engendrée par le chauffage des foyers, le Gouvernement a décidé que tous les ménages devront être équipés d'un dispositif de régulation programmable d'ici au 1er janvier 2027, comme le stipule le décret n° 2023-444 paru au Journal officiel le 7 juin 2023 – il ne s'agit donc pas nécessairement d'un thermostat connecté, mais d'un dispositif possédant au minimum les fonctions basiques de programmation de la température.
Toutefois, ce type d'équipement n'est pas donné. Aussi, pour inciter les foyers français à s'équiper, le ministère de la Transition écologique a lancé le dispositif "Coup de pouce pilotage connecté du chauffage pièce par pièce" (voir notre article). Il s'agit d'une aide financière dont on peut bénéficier en faisant installer un thermostat ou une tête thermostatique connectée sur ses radiateurs. Elle s'échelonne entre 260 et 624 € en fonction de la superficie et du type de chauffage choisi. Mais le Gouvernement prévoirait de mettre fin à cette aide pourtant bien pratique.
Thermostat connecté : l'aide à l'installation supprimée
Pour rappel, les prix des thermostats connectés dits "classiques" sont compris entre 100 et 300 euros. Cependant, les modèles les plus sophistiqués peuvent se vendre entre 600 et 1 500 euros. Un coût auquel il faut ajouter celui de l'installation. Car, oui, cette dernière ne se fait pas toute seule et revient généralement à 200 euros. Autant dire que l'aide financière du Gouvernement est plus que bienvenue !
Cependant, ce dispositif était censé être temporaire. En effet, il devait initialement durer jusqu'au 31 décembre 2024. S'il conservait une chance d'être prolongé au-delà de cette date butoir, ce ne sera finalement pas le cas. D'après les informations de nos confrères de L'Informé, un projet de décret soumis au Conseil supérieur de l'énergie prévoit la fin prochaine du dispositif, et le Gouvernement prévoirait de se montrer expéditif, en supprimant l'aide avant même la fin de l'année.
La raison ? Dans certains cas, le niveau de subvention serait équivalent, voire supérieur, au coût réel de l'achat et de l'installation des appareils. De plus, de nombreux cas de fraudes et de détournements de l'aide sont fortement suspectés. Des contrôles plus stricts seront donc mis en place pour lutter contre ces dérives pour les prochains dispositifs de ce genre.
Thermostat connecté : quelles solutions pour faire des économies ?
Mais si la fin programmée de cette aide financière est une mauvaise nouvelle pour les particuliers, les thermostats connectés continueront heureusement de bénéficier d'un autre soutien, celui des certificats d'économies d'énergie (CEE), dont le montant est décidé par chaque fournisseur – il ne faut donc pas hésiter à faire jouer la concurrence.
Pour ceux qui se chauffent à l'électricité, ce qui est le cas pour 10 millions de foyers français, il est toutefois possible de s'équiper gratuitement d'un thermostat, installation comprise, et ce, sans abonnement. C'est ce que proposent par exemple Voltalis, principal acteur en France, ou encore Tiko, une entreprise suisse devenue filiale d'Engie.
Ils équipent chaque radiateur d'un petit module, doté d'un capteur de température, plus un module de communication dans le logement, relié à la 4G. Le tout permet alors de suivre ses consommations de chauffage en temps réel depuis une application mobile, mais aussi de piloter ses radiateurs à distance, pièce par pièce.
Thermostat connecté gratuit : attention, il y a une contrepartie
Mais quelles sont les sources de financement de ces installations gratuites ? En premier lieu, la prime "Coup de pouce", qui est déduite de la facture et peut être encaissée directement par l'installateur. Sa suppression va donc entraîner des frais supplémentaires. Pour les foyers chauffés à l'électrique, les entreprises monnayent également "l'effacement de consommation".
En effet, l'électricité ne se stockant pas à grande échelle, au contraire du gaz, il faut en permanence ajuster l'offre (la production des centrales, éoliennes, etc.) à la demande des entreprises et des particuliers. Pour agir sur ce dernier point, il suffit de faire baisser la demande d'électricité. Les personnes ayant accepté la pose de ces installations consentent donc – parfois sans le savoir – à ce que leur chauffage puisse être baissé ponctuellement par la société qui est intervenue ou par l'un de ses partenaires, sans en être prévenues. Lorsqu'il anticipe un pic de consommation électrique, le gestionnaire du réseau peut alors demander à Voltalis et Tiko de mobiliser leurs capacités d'effacement. Et oui, si c'est gratuit, c'est que c'est nous le produit !
Cette démarche pose quelques soucis. En premier lieu, son côté commercial déguisé, puisque cela permet à la société de mettre un pied chez le client, d'entrer en contact avec lui afin d'ensuite lui présenter d'autres produits, comme du photovoltaïque ou de l'isolation. Ensuite, les primes versées par RTE aux opérateurs d'effacement sont financées sur des taxes payées par l'ensemble des ménages, la CSPE, comme le relève l'UFC-Que Choisir. L'effacement en tant que tel ne permet pas en réalité de faire des économies, il s'agit juste d'un report de consommation.
Les ménages ne sont donc pas les grands gagnants, mais les entreprises telles que Voltalis, qui se rémunèrent "en vendant la consommation évitée en période de pointe, c'est-à-dire au tarif le plus élevé. Et l'autre grand gagnant de l'effacement, c'est le gestionnaire du réseau électrique, ERDF. Il évite ainsi de lourds investissements pour remettre le réseau à niveau", expliquait déjà l'association en 2015 Chez Voltalis, on soutient toutefois que l'effacement permet des économies d'énergie de l'ordre de 8 %, ce qui, couplé au pilotage des radiateurs, permet de monter jusqu'à15 %. Au moins, cela permet de se mettre en conformité avec la loi !