Sabotage du réseau fibre optique : des perturbations chez plusieurs opérateurs en France

Des actes de vandalisme ciblés contre des points sensibles du réseau Internet en France ont eu lieu dans la nuit du 28 au 29 juillet 2024, entraînant des perturbations chez presque tous les opérateurs.
Quelques jours après l'attaque du réseau ferroviaire français et l'incendie ayant visé une antenne-relais d'une commune de Haute-Garonne, de nouveaux actes malveillants visant des infrastructures sensibles ont été commis dans la nuit du dimanche 28 au lundi 29 juillet 2024. Cette fois, ce sont des câbles de fibre optique qui ont été sectionnés volontairement dans plusieurs départements par des acteurs non identifiés pour le moment.
Sabotage de fibre optique : au moins six départements touchés
D'après les signalements qui ont commencé tôt ce matin du lundi 29 juillet 2024, des actes de sabotage ciblés ont été constatés sur le réseau de fibre optique en France. Selon les informations recueillies par BFM TV auprès de sources policières, ces attaques se sont déroulées dans la nuit et ont touchées des équipements réseau dans au moins six départements, à savoir l'Aude, les Bouches-du-Rhône, la Drôme, l'Hérault, la Meuse et l'Oise.
Sur les réseaux sociaux, des source de veille sur les incidents techniques affectant le réseau Internet ont également fait état de ces actes malveillants. Le compte Free 1337, géré par les équipes techniques de Free et très actifs sur Twitter (alias X), signale par exemple un "incident multiopérateurs" en cours dans plusieurs départements, et la perturbation de certains services.
Un incident réseau multiopérateurs est en cours dans les départements 11 (Aude), 34 (Hérault), 51 (Marne), 55 (Meuse), 13 (Bouches du Rhône), 84 (Vaucluse) et certains services peuvent être perturbés.
— Free 1337 (@Free_1337) July 29, 2024
Toutes nos équipes sont actuellement mobilisées pour rétablir la situation.
Dans le détail, ce sont des câbles de fibre optique longue distance reliant plusieurs nœuds majeurs du territoire (des grandes villes) qui ont coupés volontairement. Il s'agit apparemment majoritairement de liaisons régionales appartenant à SFR, mais dont plusieurs sont mutualisées avec d'autres opérateurs français, comme Bouygues Telecom et Free, mais également de plus petits opérateurs locaux ou des prestataires de services professionnels comme OVH.
Ainsi, les perturbations et les dégradations engendrées ne sont pas cantonnées au seul réseau de SFR, et affectent également les services fournis par toutes les entreprises s'appuyant sur ses infrastructures mutualisées. À priori, l'opérateur Orange ne serait pas concerné et son réseau ne connaîtrait pas de difficultés pour le moment.
Sabotage de fibre optique : une attaque inquiétante mais des répercussions limitées
Si ces actes de sabotage sont évidemment inquiétants et doivent appeler à une vigilance renforcée sur les infrastructures critiques que sont les réseaux de télécommunications, ils sont toutefois un impact (relativement) limité sur le fonctionnement d'Internet en général. Ce réseau a en effet été pensé, dès sa conception, pour être redondant et pour proposer de multiples chemins à la transmission de l'information.
De cette façon, en cas de rupture d'un canal de communication, les données numériques peuvent continuer de transiter entre différents points du réseau, en empruntant d'autres voies. Aucune raison de céder au catastrophisme donc, et nul besoin de crier à "l'effondrement d'Internet", comme le rappelle justement Alec Archambault sur Twitter (alias X), un avocat spécialisé dans le numérique.
Donc en attendant, prière de ne pas faire dans le putaclic "Internet va s'effondrer".
— Alec Archambault (@AlexArchambault) July 29, 2024
Des câbles sectionnés, cela arrive tous les jours. Des artères sensibles, un peu moins, mais Internet continue de fonctionner.
Moins bien certes, mais ça tient https://t.co/Q2c9u5K6C0
Dans le cas présent, il faut donc surtout s'attendre à une dégradation du fonctionnement du réseau, avec un débit plus faible et une latence plus élevée pour les personnes impactées. Des coupeurs totales pourront également être constatées dans certaines zones, mais elles ne seront pas d'ampleur nationale.
Selon les informations partagées sur Twitter par Nicolas Guillaume, le Directeur de l'opérateur Netalis, les forces de police seraient d'ores et déjà présentes sur l'ensemble des sites concernés par les actes de malveillance, afin de procéder aux constats légaux nécessaire avant d'entamer les opérations de remise en état. Les pouvoirs publics et les entreprises privées semblent donc faire preuve d'une grande réactivité dans le cas présent, ce qui peut laisser espérer un retour à la normal dans des délais raisonnables.
Des auteurs non identifiés pour le moment
C'est la question qui va brûler toutes les lèvres et agiter toutes les rédactions aujourd'hui : qui est à l'origine de ces actes de sabotage ? En la matière, il faudra néanmoins faire preuve de patience et de prudence, car pour le moment aucune information sérieuse et étayée n'est disponible. Toute attribution de ces actes à quelques groupes ou mouvance que ce soit ne sera pour le moment que pure spéculation d'éditorialiste de plateau.
Ingérence étrangère ou groupuscule politique, tout est possible pour le moment, même si la précision et le degré de préparation de l'attaque écarte vraisemblablement des actes de vandalisme isolés. Le mode opératoire et les cibles présentent bien des similitudes avec l'incendie d'une antenne-relais intervenue dans la nuit du 26 juillet dernier à Saint-Orens de Gameville en périphérie de Toulouse, lequel semble avoir été revendiqué par un groupe anarchiste en opposition à l'organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. Il s'agit donc d'une piste intéressante, que ne manqueront certainement pas de suivre les autorités compétentes. Mais encore une fois à cette heure, aucune information solide ne permet de l'étayer.
Ce qui interroge particulièrement est la concomitance de ces actes avec le sabotage perpétré sur le réseau de communication de la SNCF la semaine dernière, pendant la tenue des épreuves de Paris 2024. Si les actes de vandalisme sur divers types d'équipements, de télécommunication ou autres, ne sont pas des événements exceptionnels, leur multiplication et leur degré de préparation dans une fenêtre de temps si réduite interpelle forcément, et remet sur le devant de la scène la question de la sécurité des infrastructures technologiques critiques. Si le dicton "Jamais deux sans trois" se confirme, quelle sera la prochaine cible ?