Bouygues va racheter La Poste Mobile : quelles conséquences pour les abonnés ?
"Bouygues va racheter La Poste Mobile : quelles conséquences pour les abonnés ?"

Bouygues va racheter La Poste Mobile : quelles conséquences pour les abonnés ?

Bouygues va racheter La Poste Mobile : quelles conséquences pour les abonnés ?

SFR vient d'autoriser le rachat de l'opérateur virtuel La Poste Mobile par Bouygues Telecom, qui devrait ainsi récupérer les 2,3 millions d'abonnés. Mais qu'est-ce que cela implique exactement pour les clients ?

Ça y est, le rachat de La Poste Mobile et de ses 2,3 millions de clients français par Bouygues Telecom est enfin validé ! Après moult péripéties, l'opérateur a annoncé, le 4 novembre dernier, que les désaccords entre SFR et La Poste, qui menaçaient la transaction, ont finalement été résolus. La firme de Patrick Drahi a ainsi procuré toutes les autorisations administratives nécessaires à l'opération. Les abonnés La Poste Mobile devraient donc changer de réseau à partir de 2026.

La Poste Mobile : Bouygues Telecom grand gagnant

Lorsque La Poste Mobile a décidé de vendre ses parts à un autre opérateur, Orange, Free et Bouygues Telecom ont rapidement manifesté leur intérêt, ce qui n'est guère étonnant étant donné que La Poste Mobile est aujourd'hui le dernier opérateur de réseau mobile virtuel – ou MVNO, Mobile Virtual Network Operator en anglais – indépendant et qu'il a réussi à devenir le cinquième opérateur de notre pays. En treize ans, il a rencontré un franc succès dans un marché très concurrentiel, notamment en profitant d'une excellente visibilité dans les près de 7 000 bureaux de poste répartis sur le territoire et en proposant des tarifs avantageux.

Et c'est finalement Bouygues Telecom qui va mettre la main cette pépite, au prix d'une transaction à 950 millions d'euros – cette somme correspond à la valeur des titres de La Poste Telecom, tandis que sa valeur d'entreprise, elle, est fixée à 963,4 millions d'euros. L'Autorité de la concurrence a autorisé en août dernier ce rachat "sans conditions", après avoir "écarté tout risque d'atteinte à la concurrence lié à l'opération sur les marchés concernés", mettant un terme à plus de six mois de négociations exclusives, durant lesquelles Bouygues Telecom a patiemment consolidé son projet d'acquisition. Et maintenant que SFR a validé le rachat, celui-ci va enfin se conclure d'ici la fin de l'année !

La Poste Mobile : une revente qui peut rapporter gros

Comme le rapportait Les Echos, La Poste a commencé en janvier dernier à chercher à vendre ses parts, qui représentent 51 % du MVNO. Contactée, La Poste confirmait "avoir entamé une réflexion sur l'évolution du capital de La Poste Mobile ayant pour objectif de valoriser la réussite de la marque, leader du marché français des opérateurs virtuels, et d'accélérer son développement". Le nouveau dirigeant de la Banque Postale, Stéphane Dedeyan, souhaite assainir les comptes du groupe public. En décembre, on apprenait déjà qu'il souhaitait revendre sa filiale Ma French Bank dans le domaine des banques en ligne, car le service n'avait pas atteint la rentabilité, face à la concurrence féroce des néobanques et des banques en lignes. Toutefois, la situation est différente pour La Poste Mobile, car le MVNO est devenu rentable en 2022, réalisant un profit de 2,38 millions d'euros, et, d'après les estimations, son chiffre d'affaires devrait atteindre 336 millions d'euros en 2024.

Ainsi, c'est Bouygues Telecom, qui a racheté pas mal de MVNO ces dernières années, qui va pouvoir récupérer les 2,3 millions de clients de La Poste Mobile. Un ajout significatif aux 23 millions d'usagers de l'opérateur. "Grâce à cet accord, Bouygues Telecom pourra accroître sa base de clients et se renforcer dans le Mobile et dans le Fixe en s'appuyant sur le réseau de distribution de la Poste sur tout le territoire", expliquait d'ailleurs Benoît Torloting, directeur général de Bouygues Telecom. L'opérateur bénéficiera également d'un partenariat de distribution exclusif associant le groupe La Poste, La Banque postale et La Poste Telecom.

Toutefois, ce rachat ne pouvait se faire sans l'aval de SFR, qui détient 49 % des parts de l'entreprise et lui loue son réseau jusqu'en 2026. De par ce contrat, la firme de Patrick Drahi avait un droit de veto sur les propositions d'achat, mais était également prioritaire si jamais il désirait se positionner. Une telle opération aurait pu lui permettre de récupérer les clients de La Poste Mobile en devenant l'actionnaire majoritaire d'une société qui se porte bien – elle affiche une croissance moyenne de 8 % chaque année –, tout en renforçant son image. Toutefois, sachant que la maison mère de SFR, Altice France, est aujourd'hui endetté à plus de 20 milliards d'euros, il lui était difficile de sortir les fonds nécessaires au rachat.

La Poste Mobile : une vente qui a traîné en longueur

Comme le rapportait Le Monde, l'Autorité de la concurrence a validé le rachat par Bouygues Telecom en août 2024 car elle "a considéré que l'opération n'est pas de nature à porter atteinte à la concurrence en raison des parts de marché limitées de La Poste Telecom. […] Elle a également tenu compte de la concurrence exercée principalement par les MNO concurrents de Bouygues Telecom : Orange, SFR et Free". Elle a également indiqué avoir "écarté le risque" que Bouygues Telecom ne dégrade ou refuse l'accès à son réseau aux opérateurs virtuels concurrents de La Poste Telecom, qui ne disposent pas d'infrastructures et louent les réseaux des mastodontes du secteur. Seul point noir à l'horizon : SFR a pendant un moment contesté les modalités de transaction, espérant récupérer au moins 700 millions sur les 950 millions promis par la vente, ne laissant que des restes à La Poste – qui détient pourtant 51 % des actions. La vente a finalement aboutie.

L'opération ne devrait pas avoir un grand impact pour les abonnés. L'opérateur confirme qu'il "gardera son identité et continuera d'être distribué dans les quelque 7 000 bureaux de poste". Il s'agit surtout d'une opération comptable. Il ne devrait même pas y avoir trop de changements visuels puisque l'accord prévoit que La Poste garde la maîtrise de la distribution de la marque. Le seul véritable changement se trouve dans le changement de réseau à partir de 2026 , où les usagers migreront du réseau SFR à celui de Bouygues Telecom. Mais si l'opération devrait être invisible pour la clientèle, elle pourrait tout de même avoir un impact sur le marché, notamment au niveau des prix des abonnements.