Windows 12 : Intel confirme discrètement une sortie en 2024

Windows 12 : Intel confirme discrètement une sortie en 2024

Alors que Microsoft reste très discret sur les caractéristiques de Windows 12, Intel a laissé entendre dans une présentation que le nouveau système arrivera bien en 2024, avec une nouvelle génération de PC.

Ce n'est un secret pour personne : Windows 11 a toujours du mal à s'imposer sur PC, en totalisant à peine 24 % de parts de marché deux ans après sa sortie, contre 72 % pour Windows 10 selon l'organisme StatCounter. Il faut dire que le système a du mal à convaincre en raison de ses exigences matérielles incompréhensibles, de ses problèmes à répétitions et des sa politique chaotique de mises à jour (voir notre article "coup de gueule"). Et c'est sans doute pour tourner plus rapidement la page de ce système mal né et mal aimé que Microsoft travaille activement sur son successeur, logiquement baptisé Windows 12.

Windows 12 : une sortie en 2024 ?

Et si l'éditeur reste encore très discret sur le sujet, on sent que l'arrivée de de son futur système d'exploitation se précise au fil des fuites, des indiscrétions et des bourdes. la dernière en date, tout récente, est d'autant plus crédible qu'elle provient d'un acteur majeur – et partenaire privilégié de Microsoft depuis des lustres – à savoir Intel. De fait, lors de la Citi 2023 Global Technology Conference organisée en septembre dernier, Dave Zinsner, directeur financier du géant des puces, a confirmé le lancement d'une version majeure de Windows en 2024, confirmant les prédictions qui courent depuis des mois. "Nous pensons en fait que 2024 sera une bonne année pour les clients, en particulier en raison de la mise à jour de Windows. Nous pensons toujours que la base installée est assez ancienne et qu'elle a besoin d'être rafraîchie, et nous pensons que l'année prochaine sera peut-être le point de départ de ce rafraîchissement, compte tenu du catalyseur Windows", a déclaré ce dirigeant bien informé lors du symposium, dont la transcription complète est consultable en ligne.

Certes, l'homme ne cite pas explicitement Windows 12. Mais il fait clairement référence à une version majeure, plus importante que les mises à jour habituelle, comme la 23H2 que tout le monde attend. Une version capable doper le marché du PC, comme chaque "grande" édition de Windows. Et ce sera le cas avec la sortie prochaine des processeurs de nouvelle génération Intel, basés sur l'architecture Meteor Lake, qui devraient se retrouver massivement intégrés dans les ordinateurs l'an prochain. Bref, à défaut de déclaration officielle, cette allusion à peine voilée laisse bien entendre une sortie de Windows 12 en 2024.

CorePC : une nouvelle architecture pour Windows ?

Côté fonctionnel, on ne sait rien d'officiel sur Windows 12, Microsoft gardant le secret sur son future système. Mais on devine que l'accent sera mis sur des fonctions faisant appel à l'intelligence artificielle et au cloud, comme pour la suite bureautique Microsoft 365, récemment dopée à l'IA (voir notre article), dans un mouvement général vers ce nouvel eldorado qui attire et agite toute la planète techno depuis quelques mois, avec l'engouement des robots conversationnels de type ChatGPT. Surtout, de fuite en indiscrétion, on sent que la date 

Quoi qu'il en soit, si Microsoft garde encore le silence sur ses projets, plusieurs fuites et prédictions commencent à donner une idée de ce à quoi ressemblera Windows 12. Ainsi, hormis l'intégration poussée d'intelligence artificielle déjà entamée avec Windows 11 et son Copilot – qui profitera certainement des avancées de Microsoft en la matière avec Bing et OpenAI, l'éditeur de ChatGPT –, la plus grande nouveauté de Windows 12 devrait tenir à son architecture, entièrement repensée. Selon les spécialistes de Windows Central, les équipes de développement de l'éditeur travailleraient sur une structure modulaire baptisée CorePC qui s'inspirerait, en partie de macOS, le système d'exploitation d'Apple. L'idée serait d'abandonner le côté monolithique du Windows actuel, et notamment l'héritage des anciennes versions qui l'alourdissent, pour exploiter une structure plus légère, avec un cœur commun – d'où le nom CorePC – et des modules adaptés à différents usages, avec plusieurs niveaux de compatibilité des fonctions et des applications (bureautique, éducation, création, etc.). Une architecture qui permettrait également de proposer des éditions personnalisées de Windows 12 selon la configuration matérielle disponible (PC portable, PC gaming, etc.), en se débarrassant notamment de Win32, un sous-ensemble lourd dont tout le monde n'a pas besoin aujourd'hui, mais qui demeure présent dans toutes les versions de Windows pour des questions de compatibilité. 

© Windows Central

Sur le plan technique, Windows 12 reprendrait un principe déjà exploité dans macOS, iOS et même Android – et testé auparavant dans un projet dénommé Core OS – , en répartissant le système sur plusieurs partitions, dont certaines en lecture seule, pour les modules sensibles, qui seraient ainsi inaccessibles à l'utilisateur et aux applications tierces. Une technique qui offre en outre l'avantage de proposer des mises à jour partielles plus rapidement, en facilitant la maintenance. Cet "éclatement" pourrait rester complètement transparent, comme dans macOS où le système est placé sur une partition et les données sur une autre, l'utilisateur ne voyant qu'un unique volume. Mais il est trop tôt pour savoir si Microsoft adoptera ce mode, mais on comprend bien l'intérêt de ce "système par répartition", qui séparerait "physiquement" le "moteur" de Windows du reste (applications et données). Si les informations de Windows Central se confirment, cette nouvelle architecture moderne et modulaire pourrait constituer une véritable révolution pour Windows.

Par ailleurs, et toujours sur le plan technique, Microsoft semble mettre l'accent sur Rust, un langage de programmation moderne optimisé pour les systèmes d'exploitation, qui promet d'améliorer à la fois les performances et la stabilité – et qui est déjà utilisé pour développer certaines parties du noyau de Windows 11. Cette évolution profonde s'accompagne également de l'adoption progressive de ReFS, le nouveau système de fichiers destiné à remplacer le vénérable NTFS, en améliorant là aussi les performances et la robustesse (voir notre article). Des mutations techniques pratiquement invisibles pour l'utilisateur final, mais qui montrent que Microsoft modifie en profondeur le moteur de Windows. 

Quel PC pour Windows 12 ?

Windows 11 a soulevé – et soulève encore ! – de nombreuses critiques quant à ses exigences matérielles (voir notre article). Et pour cause : il réclame non seulement un processeur récent mais aussi une puce de sécurité TMP 2.0, ce qui empêche de l'utiliser sur de très nombreux PC, même assez récents (voir notre article). Certes, il existe plusieurs moyens de contourner les contraintes imposées par Microsoft (voir notre article), mais il faut accepter des limitations et l'absence de garantie que tout fonctionne correctement à terme, notamment pour les mises à jour fonctionnelles et les correctifs de sécurité. Rien d'étonnant à ce que beaucoup préfèrent rester sous Windows 10, d'autant que Windows 11 se fait encore remarquer pour ses bugs qui abaissent parfois ses performances…

Malheureusement, et comme il fallait s'y attendre, Windows 12 ne devrait pas se montrer plus tolérant en matière d'exigences matérielles. Pire : il se pourrait qu'il soit encore plus gourmand. En effet, les spécialistes – généralement bien informés – du site du site allemand Deskmodder croient savoir que Windows 12 réclamera 8 Go de mémoire vive au minimum, soit le double de ce que demande Windows 11. Une gourmandise qui pourrait s'expliquer par les besoins en Ram de l'IA et des fonctions cloud, qui devraient considérablement alourdir le système. Un système pourtant déjà très gras – mais que l'on peut alléger avec des outils comme Tiny11Builder (voir notre article). Ccar on se doute bien que la majorité de cette mémoire vive sera occupée par Windows, et pas par les applications et les logiciels "utiles", comme c'est déjà le cas pour Windows 11.

Certes, 8 Go n'est pas une quantité déraisonnable de Ram en 2023 – c'est d'ailleurs la taille de mémoire installée par défaut sur la plupart des PC actuellement dans le commerce. Mais c'est souvent le maximum pour des ordinateurs plus anciens. Et, surtout, cela signifie qu'il faudra plutôt tabler sur 16 voire 32 Go pour pouvoir utiliser Windows 12 confortablement avec des logiciels – et pas simplement pour admirer le Bureau ! En clair, si vous achetez aujourd'hui un PC en espérant passer à Windows 12 quand il sera disponible, prenez un modèle qui puisse accueillir au moins 16 Go pour être tranquille. 

Fort heureusement, et toujours selon Deskmodder, Windows 12 ne devrait pas se montrer plus exigeant que Windows 11 pour le processeur : en principe – mais il ne s'agit là encore que de supputations –, les CPU compatibles avec Windows 11 devraient faire tourner Windows 12 sans être rejetés. De même, seule la fameuse puce TPM 2.0 serait exigée : il semble trop tôt pour réclamer un système de sécurité de type Pluton, comme celui qui équipe les Ryzen 6000 AMD, même s'il apporte une meilleure protection en comblant les failles du TPM. Ouf !

Quelle interface pour Windows 12 ?

Erreur, maladresse ou fuite discrètement organisée pour nourrir les rumeurs ? Difficile à dire. Toujours est-il que lors de la conférence Ignite que Microsoft avait tenue en octobre 2022 pour les développeurs et les professionnels de l'informatique, des experts à la vue particulièrement aiguisée avaient repéré dans les présentations une étrange capture d'écran qui pourrait donner une idée de ce que à quoi ressemblera Windows 12. Comme ils l'expliquent dans leur article, les fins limiers de Windows Central ont en effet cru reconnaître un prototype d'interface censé simplifier les interactions sur les écrans tactiles des PC portables et des tablettes. Et qui pourrait servir de base au futur système… L'image aperçue brièvement étant de mauvaise qualité, ces spécialistes se sont amusés à la reconstituer proprement. Et même s'il ne s'agit que d'un concept – un fantasme ? –, plusieurs points importants semblent se dégager des supposés projets de Microsoft. 

© Zac Bowden-Windows Central

Ainsi, outre une évidente épuration générale, qui s'inscrit dans la continuité de la démarche entamée pour Windows 11, on note une plus grande modularité des éléments fonctionnels avec même quelques idées visiblement inspirées par macOS. La barre des tâches avec ses icônes centrées est toujours là, mais elle semble détachable, pour pouvoir se positionner n'importe où à l'écran. Des icônes de statut (Wi-Fi, batterie, heure) apparaissent en haut à droite, comme sur un smartphone. Et des infos de météo s'affichent dans le coin supérieur gauche. Tandis qu'un champ de recherche flottant – et ressemblant à Spotlight sur Mac – se retrouve au milieu, en haut, indépendant de la barre des tâches. En fait, tout semble plus doux, et conçu pour une utilisation hybride, à la fois pour écran tactile et pour le classique couple clavier-souris.

Si l'on ne sait presque rien d'officiel sur Windows 12, des designers s'amusent déjà à imaginer à quoi pourrait ressembler l'interface du futur système en mettant l'accent sur des fonctions innovantes et pratiques. C'est le cas notamment d'Andy Visuals qui a mis ses idées en scène dans une vidéo intitulée Meet Windows 12 (concept) et publiée sur YouTube et qui, souhaitons-le, inspireront les développeurs de Microsoft tant elles sont intéressantes.

Comme on peut le voir dans la vidéo, le designer a très astucieusement amélioré des éléments fondateurs de l'interface, notamment la barre des tâches qui devient flottante et dynamique, à la manière d'un dock, et le menu Démarrer, qui mélange intelligents des principes de Windows 10 et de Windows 11. Il a également prévu de nombreuses options de personnalisation, par exemple avec des widgets que l'on peut détacher et poser sur le Bureau, ou des applications que l'on peut regrouper dans des dossiers thématiques placés dans la barre des tâches. Idem pour le Bureau et l'Explorateur, qui profitent également de nouvelles fonctions pratiques et raffinées pour présenter et manipuler des fichiers. Autant d'idées originales et plaisantes témoignant de l'esprit créatif de ce designer – qui s'est aussi amusé à imaginer iOS 17, le prochain système pour iPhone, dans une autre vidéo du même genre, ainsi que des versions modernisées de Windows 7 et de Windows XP !

© Andy Visuals
© Andy Visuals
© Andy Visuals

Andy Visuals n'est pas le seul à se lancer dans cet exercice : d'autres passionnés à l'imagination débordante, comme AR 4789Advan ou 1043D, ont également réalisé des vidéos pour présenter des concepts de Windows 12. Bien entendu, tous ces essais illustrent des projections purement personnelles qui ne présagent absolument rien des réelles intentions de Microsoft pour Windows 12. Mais, en mêlant des idées originales et des principes inspirés d'autres systèmes d'exploitation – macOS et Linux en tête –, ces concepts expriment des besoins concrets d'utilisateurs. Besoins que les équipes de Microsoft devraient étudier en détails, pour tenter d'y répondre à leur façon, en récupérant ce qui serait utile au plus grand nombre, plutôt qu'en imposant des changements parfois incompréhensibles, comme cela é été le cas lors du passage de Windows 10 à Windows 11… 

Windows 12 : une version enfin moderne et aboutie ?

Bien entendu, Microsoft n'a encore rien annoncé d'officiel sur Windows 12. Mais on peut légitimement supposer que les designers et les ergonomes de Redmond travaillent sérieusement sur l'interface et les fonctions du futur système pour le rendre plus clair, plus pratique et plus agréable, en tenant compte des erreurs du passé – Windows Vista, Windows 8… – et des nouvelles attentes et habitudes des utilisateurs. Et on peut également parier que Windows 12 devrait sortir à l'automne 2024, comme le prédisent de nombreux experts. Une date vraisemblable, qui, trois ans après le lancement de Windows 11, devrait permettre à l'éditeur de repartir d'un bon pied, en ayant dopé son système à l'IA. Il faut juste espérer que Microsoft ne commette pas les mêmes erreurs, en sortant un produit prématurément, avec simplement des retouches esthétiques et quelques ajouts pas toujours utiles : il est grand temps de retrouver un Windows abouti, à la fois fiable et innovant.