Partage de compte de streaming : la parade miracle d'Adobe

Partage de compte de streaming : la parade miracle d'Adobe

Mauvaise nouvelle pour les amateurs de streaming ! Adobe a développé une solution baptisée Primetime Account IQ pour lutter contre le partage de compte. Un dispositif qui pourrait intéresser tout particulièrement Netflix...

Le partage de compte est bien pratique pour les adeptes du streaming, surtout avec la multiplication des plateformes de services de vidéo à la demande (SVOD), qui proposent chacune du contenu exclusif. Qu'il s'agisse de familles entières qui partagent leur compte entre leurs membres – y compris avec ceux ne vivant pas sous le même toit – ou d'amis qui mutualisent les services – chacun payant un abonnement à une plateforme différente –, de très nombreux consommateurs recours à cette pratique qui permet d'économiser sur le prix des abonnements – notamment en cette période d'inflation généralisée, où plusieurs plateformes comme Disney+ et Amazon Prime Video ont augmenté leurs tarifs. Une étude révèle d'ailleurs que 40 % des Américains admettent utiliser le compte de streaming d'un de leurs proches. Toutefois, cette pratique fait perdre beaucoup d'argent aux plateformes, qui l'ont jusqu'ici plus ou moins tolérée. Et elle pourrait bien toucher à son terme, puisque Adobe vient de développer un système de détection de partage des identifiants, qu'il propose aux géants du streaming.

Un outil Adobe contre le partage de compte

Dans un billet de blog, Adobe propose de surveiller le comportement des utilisateurs grâce à un nouvel outil. Ce service, baptisé Primetime Account IQ, est optimisé par Adobe Sensei, la technologie d'intelligence artificielle et d'apprentissage automatique d'Adobe. Il permet de comprendre les habitudes d'utilisation des abonnés et ainsi savoir si et quand a lieu un partage de compte. Ensuite, il s'agit de découvrir la meilleure action à effectuer, en anticipant les retombées positives comme négatives – pas question de perdre encore plus d'utilisateurs. Le but d'une quelconque action visant à empêcher le partage de compte – comme des demandes d'identification agressives ou une authentification à double facteur à chaque utilisation – n'est surtout pas d'irriter la personne qui paie la facture. Pour Adobe, puisque chaque utilisateur est différent, toute action entreprise contre un compte doit faire partie d'une stratégie basée sur les données conçue pour "mesurer, gérer et monétiser" le partage de mot de passe. Et c'est là que Primetime Account IQ intervient.

Grâce à lui, Adobe en saura plus – en théorie sur un compte de streaming que les personnes qui l'utilisent, ce qui va permettre à l'entreprise de prédire le plan d'action le plus efficace sans ennuyer le possesseur du compte. L'outil va engendrer une grosse collecte de donnés pour obtenir la probabilité de partage et une classification des modes d'utilisation qui vont permettre d'identifier les voyageurs, les navetteurs, la famille, les amis proches, et même l'existence d'une résidence secondaire – car pas question de ne pas pouvoir utiliser le service de SVOD alors qu'on est en déplacement.

Bientôt la fin du partage de compte Netflix ?

L'un des futurs clients d'Adobe pourrait ni plus ni moins qu'être Netflix, puisque c'est la plateforme qui souffre le plus du partage des informations d'identification. Il faut dire qu'il subit la rude concurrence de plateforme de SVOD comme Disney+ et Amazon Prime Video. Rien qu'entre janvier et avril 2022, il a pâti de 200 000 désabonnements. Pour continuer à faire des bénéfices, Netflix hausse régulièrement ses prix et étudie actuellement un nouveau business model qui mettrait fin au partage des comptes et inclurait des publicités. Cet été, il a d'ailleurs testé le partage de compte payant en Amérique latine : si la plateforme détecte une connexion depuis un endroit inconnu, elle demande à l'abonné de payer une somme supplémentaire. Mais la fin de cette pratique doit être menée intelligemment afin de ne pas avoir l'effet inverse à celui escompté.

Car l'un des désavantages de Netflix, c'est qu'il est très cher. Actuellement, il propose trois abonnements : l'Essentiel à 8,99 €/mois permet l'utilisation d'un écran en simultané avec une qualité d'image standard ; le Standard à 13,49 €/mois, deux écrans en simultané avec un rendu en HD (1 280p x 720p) : et le Premium à 17,99 €/mois, quatre écrans en simultané avec une qualité d'image en HD et en 4 K (3 840p x 2 160p). À titre de comparaison, Disney+ offre un abonnement à 8,99 €/mois, et Amazon Prime Video à 6,99 €/mois – tout en proposant de nombreux services à côté. De quoi donner envie de partir pour la concurrence ! De plus, si le binge watching a fait la renommée de Netflix, il commence à lui jouer des tours. Au contraire de Disney+ et d'Amazon Prime, qui diffusent leurs séries avec un épisode par semaine – ce qui oblige l'utilisateur à rester pour connaitre la suite, donc à trouver entre-temps autre chose à regarder, et ainsi de suite –, Netflix diffuse tous ses épisodes d'un seul coup. Au final, cela créer un énorme pic d'audience, mais la série retombe vite dans l'oubli. Il suffit de regarder l'exemple de Stranger Things, avec trois ans d'attente entre les saisons 3 et 4, avant de faire crasher la plateforme au moment de la diffusion de la suite des aventures. Reste à savoir comment Netflix va s'adapter aux mutations de consommation.

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