Disney+ : la pub arrive, les prix des abonnements s'envolent

Disney+ : la pub arrive, les prix des abonnements s'envolent

Disney+ suit les traces de Netflix en augmentant significativement ses tarifs et en proposant une nouvelle formule avec de la publicité. Au final, les abonnés auront le choix parmi trois abonnements, qui risquent de faire grincer des dents.

Disney+ ajuste sa stratégie et calque ses pas sur ceux de Netflix, qui semble avoir retrouvé sa santé. En effet, la plateforme aux grandes oreille s'apprête elle aussi à limiter le partage de compte, bien que sa méthode soit radicalement différente (voir notre article). De plus, quelques mois après le lancement de la formule low-cost de Netflix, le SVOD de Mickey suit les traces de son concurrent et lance Disney+ Standard avec publicité. Un moyen de conquérir un nouveau public, avec une offre plus "abordable", et de récolter des sous auprès des annonceurs. Toutefois, ce changement s'accompagne d'une hausse des tarifs et de quelques nouveautés qui risquent de faire grincer des dents les abonnés… 

Disney+ : trois nouvelles formules et des prix en hausse

Les prix des abonnements aux plateformes de vidéo en streaming en SVOD (vidéo à la demande) ont tous augmenté durant l'année 2022, ce qui n'arrange pas les affaires des utilisateurs en cette période d'inflation généralisée. Pour s'aligner sur ses concurrents et être plus rentable, Disney a mis en place depuis le 8 décembre aux États-Unis de nouveaux tarifs pour les abonnements à sa plateforme de SVOD Disney+. La formule avait été renommée Disney+ Premium et était passée de 7,99 dollars à 10,99 dollars mensuels, soit une hausse de 37,5 %. De son côté, l'abonnement annuel était passé de 69,99 dollars à 109,99 dollars. Bien évidemment, les tarifs de ses différents packs, qui contiennent des offres Hulu et/ou ESPN+, avaient également subis une augmentation. La firme avait également déployé un nouvel abonnement "low-cost" qui intègre de la publicité. Celui-ci, intitulé Disney+ Basic, était lancé au prix de 7,99 dollars par mois, soit le prix de l'offre haut de gamme actuelle… La firme aux grandes oreilles à d'ores et déjà annoncé une nouvelle hausse, qui prendra effet à partir du 12 octobre dans le pays de l'Oncle Sam. 

© Disney

Cette fois, ces deux augmentations arrivent conjointement en l'Europe, avec quelques petits ajustements. Voici la nouvelle grille tarifaire qui s'appliquera en France à compter du 1er novembre 2023 :  

  • Formule Standard avec pub : 5,99 € par mois
  • Formule Standard : 8,99 € par mois ou 89,90 € par an
  • Formule Premium : 11,99 € par mois ou 119,90 € par an

Dans la formule la plus abordable, les publicités sont intégrées lors de la diffusion de la série ou du film – et impossible de les passer en avance rapide – et durent entre 15, 30 ou 45 secondes de long pour un total de quatre minutes de publicités par heure de contenu visionnée – il y a 45 secondes de publicité au début du visionnage, puis deux ou quatre coupure selon sa durée. Sur son site web américain, la firme précise que "les publicités sont généralement diffusées avant le début de la vidéo et tout au long de la lecture – c'est similaire à ce que vous aux publicités lors d'une émission de télévision traditionnelle." Elles sont personnalisées en fonction "de ce que vous regardez, de l'endroit où vous vous trouvez et de ce que vous avez regardé précédemment." La bonne nouvelle, c'est que tout le catalogue est accessible – ce n'est pas un abonnement "au rabais" –, et tous les programmes ne sont pas concernés – pour une question d'éthique, les programmes pour enfants de niveau maternelle y échappent. En revanche, impossible de télécharger les contenus pour les regarder en mode hors connexion. Concernant la qualité d'image, Disney+ la bridera à du 1080p avec un son Stereo 5.1, pour un affichage sur deux écrans en simultané – comme ce que propose l'abonnement Essentiel avec publicité de Netflix. Mauvaise nouvelle cependant : le bridage va également concerné l'abonnement Standard – à l'exception du téléchargement, qui est autorisé. Désormais, le streaming jusqu'en 4K Ultra HD, avec HDR10 et Dolby Vision pour les contenus compatibles, le tout sur quatre écrans en simultané, est réservé au forfait Premium. 

Disney+ Standard avec pub : un abonnement avec publicité à la Netflix

Pour Jan Koeppen, président de The Walt Disney Company Europe, Moyen-Orient et Afrique, il s'agit "d'une nouvelle étape de l'évolution de Disney+ sur les marchés en Europe : nous offrons ainsi davantage de choix à nos abonnés et de nouvelles opportunités de communication aux annonceurs. Disney+ continue de se démarquer dans le monde du streaming d'aujourd'hui avec une qualité inégalée, des séries iconiques et des superproductions à succès, tout en garantissant une expérience de visionnage simple et fluide".

Comme Netflix, le SVOD aux grandes oreilles mise beaucoup sur son offre avec publicité. Dans un communiqué de presse, Michael Paull, le président de Disney "Direct to Consumer", expliquait en décembre dernier l'enjeu de cette nouvelle offre avec publicité : "Le lancement d'aujourd'hui marque une étape importante pour Disney+ et place le choix du consommateur au premier plan. Grâce à cette nouvelle offre financée par la publicité, nous sommes en mesure d'offrir une plus grande flexibilité aux consommateurs pour profiter de toute l'étendue et la profondeur de l'incroyable manière de raconter des histoires de The Walt Disney Company." Et ce ne semble être que le début, puisque "une gamme complète de produits publicitaires" sera proposée par la suite, expliquait l'entreprise. On peut donc s'attendre à différents abonnements avec publicité qui seront plus accessibles financièrement, mais avec aussi plus de limitations. Une direction que Netflix souhaite également emprunter, puisque son co-PDG Ted Sarandos avait déclaré que d'autres offres, en plus de Netflix Essentiel avec publicité, étaient en préparation.

© Disney

Disney+ : une nouvelle hausse de tarif pour bientôt ?

Lors de la conférence Communcacopia + Technology 2022 de Goldman Sachs qui a eu lieu en septembre 2022, le PDG de Disney, Bob Chapek, s'était exprimé quant à l'avenir de la plateforme, en déclarant notamment : "notre prix est largement inférieur à la valeur que nous offrons."  Le pari d'augmenter encore les tarifs semble un peu risqué, surtout quand on sait que les services de streaming en France vont se multiplier avec l'arrivée HBO Max, Universal+ et de Paramount+ notamment. Les utilisateurs vont donc devoir faire des choix pour leur budget divertissement puisqu'ils ne pourront pas prendre tous les abonnements. Mais cela ne semble pas inquiéter Disney : "Nous pensons que les conséquences de l'augmentation du prix sur le taux de désabonnement seront négligeables", avait expliqué BobChapek, surtout avec l'arrivée de la formule avec publicité, qui "permettra de réellement satisfaire la variété des besoins des consommateurs" – puisque tous les abonnés auront accès aux mêmes contenus, quelle que soit l'offre. Sans compter que Netflix, qui a ouvert la voie avec une politique similaire, se porte plutôt bien.

La firme aux grandes oreille mise beaucoup sur sa plateforme de SVOD, allant même jusqu'à envisager un abonnement semblable à Amazon Prime et Apple One, avec un service de fidélité payant qui regrouperait les produits et services issus de son immense empire. Une idée qui se révèlerait d'autant plus rentable que cela lui permettra de regrouper les données des clients de Disney+ avec celles des entreprises de la société, comme ses parcs à thème et ses voyages en croisière. "Nous pouvons désormais personnaliser une expérience bien au-delà de ce que nous avons pu faire jusqu'à présent", avait déclareé le PDG de l'entreprise. De ce fait, Disney+ "deviendra une plateforme d'engagement" et "pas seulement un service de cinéma."

© Marvel/Disney

Disney+ : le service de streaming s'aligne sur ses concurrents

Disney avait dévoilé en août ses résultats enregistrés lors du dernier trimestre 2022 – clôturé le 30 juin. Le géant du divertissement avait réussi à attirer 14,4 millions de nouveaux abonnés sur sa plateforme de vidéo à la demande (SVOD) Disney+ entre mars et juin 2022, ce qui portait à un total de 152 millions d'utilisateurs. En y ajoutant les 22,8 millions d'utilisateur d'ESPN+ et les 46,5 millions de Hulu – qui appartiennent tous deux à la firme –, l'entreprise Disney avait atteint 221,1 millions d'abonnés à ses services de SVOD. Elle passait donc – temporairement – devant Netflix et ses 220,67 millions d'utilisateurs – qui avait perdu cette année des abonnés, pour la première fois de son histoire. La firme espère continuer sur sa lancée en atteignant 230 à 260 millions d'abonnés d'ici fin 2024, et donc devenir pleinement rentable. La plateforme va pour cela pouvoir s'appuyer sur ses univers fétiches, à savoir Marvel et Star Wars, qu'elle continue d'étendre.

Toutefois, la présentation des derniers résultats financiers de l'entreprise a présenté une situation plus nuancée, comme le rapporte Variety. La firme aux grandes oreilles accuse une importante baisse de son nombre d'abonnés en Inde, avec la défection de 12,5 millions d'usagers au cours des trois derniers mois. Cela serait la conséquence directe de sa nouvelle stratégie avec Disney+ Hotstar, avec la fin du partage de compte et la perte de droits sportifs clés dans la région. Toujours est-il que le SVOD a perdu 300 000 utilisateurs en Amérique du Nord, même s'il en a gagné 800 000 dans le reste du monde. Au final, il s'en sort plutôt bien avec 22,3 milliards de dollars de chiffre d'affaires, soit une augmentation de 4 % par rapport à la même période en 2022. 

Tous ces changements ne sont guère surprenants car Disney+ ne fait que s'aligner sur les politiques de ses principaux concurrents Netflix et Amazon. En effet, Netflix a déployé le forfait Netflix Essential, un abonnement plus abordable grâce à des publicités et à un partenariat avec Microsoft, et mis fin au partage de compte, qui est désormais facturé au prix fort. Dans la même veine, Amazon a augmenté les tarifs de son offre Prime – y compris en Europe – avec une hausse de près de 43 % pour un abonnement d'un an, provoquant une forte vague de mécontentement, et travaillerait lui aussi à l'élaboration d'une formule en partie financée par de la publicité (voir notre article)

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