Starter Packs : la folle tendance qui envahit les réseaux sociaux

Starter Packs : la folle tendance qui envahit les réseaux sociaux

Impossible de passer à côté de la trend des Starter Packs si vous fréquentez les réseaux sociaux. Partout sur la Toile fleurissent des images de personnes sous forme de figurine générées par IA Mais ce n'est pas sans conséquence…

Le 25 mars dernier, OpenAI a lancé son tout nouveau générateur d'images, baptisé "Images in ChatGPT". Comme son nom l'indique, il est directement intégré au chatbot. Propulsé par GPT-4o, le modèle omnimodal dévoilé en mai 2024 et successeur de DALL·E, cet outil permet de créer des visuels de qualité à partir d'un simple texte ou d'une photo. Et le moins qu'on puisse dire, c'est que cette nouveauté a immédiatement conquis le web : les internautes se sont précipités pour l'essayer, s'amusant notamment à recréer des images cultes dans le style des studios Ghibli.

Une nouvelle tendance a envahi les réseaux sociaux : la trend "Starter Pack" ("packs de démarrage" en français). Le principe est simple : il s'agit de demander à ChatGPT ou une autre IA génératrice d'images de générer une figurine 3D (de vous, d'un homme politique, d'un personnage de film, etc.) accompagnée d'accessoires représentant ladite personne (un vêtement, un livre, un accessoire de sport, un animal)… Le tout est emballé dans un emballage plastique, comme un jouet dans un rayon de magasin. Mais cette tendance est loin de faire l'unanimité.

© CCM - ChatGPT

Starter Packs : des figurines 3D générées par IA

Sur les réseaux sociaux, personne n'y échappe, qu'il s'agisse de célébrités (Stéphane Bern, Neymar, Cristina Cordula et son cultissime "Magnifaïk"), de personnalités politiques (l'humoriste Aymeric Lompret a généré de très drôles figurines de Bruno Retailleau, de François Bayrou ou d'Elisabeth Borne) ou de personnages issus de la pop culture (Lara Croft, Harry Potter, Fox Mulder). Mention spéciale pour le Starter Pack "Contribuable" par l'association Contribuables Associés, avec un homme en sous-vêtements, le visage paniqué, qui tente désespérément de retenir des billets qui s'échappent, entouré de formulaires d'impôts.

Certaines productions sont cependant plus douteuses, comme la représentation de Xavier Dupont de Ligonnès avec une photo de famille, une pioche, un sac de béton et son passeport. Du l'humour (très) noir qui ne plaira pas à tout le monde…

© DR

Pour réaliser un Starter Pack, il suffit d'un simple prompt – les instructions écrites données à l'IA –, dans l'idéal accompagné d'une photo de la personne s'il s'agit de vous ou d'un illustre inconnu. Voici un exemple pour obtenir une image réussie : "Crée une image de style "Starter Pack" d'une figurine de collection. La boîte est en plastique transparent moulé, insérée dans un fond cartonné. Le fond général de l'image est [choisir une couleur]. Le personnage est représenté sous forme de figurine 3D stylisée, dans un style cartoon mais réaliste. Il est placé dans un renfoncement au centre gauche, debout. En haut au centre, en grandes lettres majuscules et en gras, est écrit "STARTER PACK", et en-dessous [nom du personnage ou de la personne]. La figurine est [donner un descriptif du physique et des vêtements]. Sur le côté droit de la figurine se trouvent, dans des moules en plastique distincts, [X] accessoires miniatures. [Décrire les accessoires]. Chacun d'entre eux s'insère dans son propre compartiment moulé. L'emballage est photographié de façon à donner l'impression d'une séance photo commerciale."

Starter Packs : des conséquences nuisibles

Si cette tendance virale semble à première vue innocente et amusante, elle est loin de faire l'unanimité. De nombreux artistes et professionnels de l'illustration s'agacent de toutes ces images générées par IA en s'inquiétant à l'idée d'être remplacés par l'intelligence artificielle. Ils ont donc lancé une contre-offensive, sous l'égide du hashtag #starterpacknoAI, en créant leurs propres Starter Packs, mais réalisés à la main cette fois. "On n'en peut plus des trends merdiques à l'IA", pointe Pénélope Bagieu sous une illustration d'elle avec son chat, son thé et ses crayons de dessins. 

Mais ce n'est pas le seul problème. Nous n'y pensons pas forcément lorsque nous nous fondons d'un rapide et innocent prompte, mais recourir à l'IA pose un véritable problème environnemental. À cause de l'intelligence artificielle, la consommation d'électricité des centres de données devrait plus que doubler d'ici 2030, rappelle un rapport de l'Agence internationale de l'énergie (AIE). Selon elle, une requête à ChatGPT consomme 10 fois plus d'électricité qu'une recherche avec Google. Alors, forcément, quand des millions de personnes se mettent à générer des prompts pour être à la mode, cela a un impact significatif.

Le créateur de contenu engagé Gaétan Gabriele, connu pour utiliser l'humour afin de sensibiliser à la question de l'écologie, a posté une vidéo pour expliquer l'impact de ChatGPT sur les émissions d'énergie. "Un milliard de messages s'échangent chaque jour sur ChatGPT, cela représente la consommation d'électricité d'environ 27 000 foyers français. D'ici à 2027, l'IA générative pourrait utiliser autant d'électricité que l'Espagne. Les émissions liées à l'IA pourraient augmenter de 60 % d'ici 2040". Une information qui devrait nous faire réfléchir à deux fois avant de "discuter" avec ChatGPT : notre demande est-elle si essentielle que cela ou pouvons-nous faire un petit effort ?