RCS : Apple adoptera enfin le format universel avec iOS 18

RCS : Apple adoptera enfin le format universel avec iOS 18

Après s'être opposé au RCS pendant des années, Apple a décidé de prendre en charge le protocole sur ses iPhone à partir de janvier 2024. Mais le problème de couleur des bulles ne disparaitra pas pour autant…

Malgré tous ses efforts, Google peine à généraliser le RCS – Rich Communication Services –, notamment à cause d'Apple qui refuse obstinément d'implanter ce protocole de communication destiné à remplacer les SMS et MMS pour l'échange de messages sur mobile. Le géant d'Internet n'a eu de cesse de réclamer auprès d'Apple le support du standard de messagerie dans iMessage, mais la firme de la pomme préfère conserver son format propriétaire. Mais il semblerait qu'il ait finalement réussi à la faire plier puisque, dans un communiqué de presse paru le 16 novembre, Apple annonce que, dans le courant de 2024 – probablement sous iOS 18 au plus tard –, le RCS sera ajouté à ses plateformes. "Nous pensons que le profil universel RCS offrira une meilleure expérience d'interopérabilité par rapport aux SMS ou MMS. Cela fonctionnera en parallèle avec iMessage, qui continuera d'être l'expérience de messagerie la plus performante et la plus sécurisée pour les utilisateurs d'Apple", explique la firme de Steve Jobs. Un pas de géant pour l'interopérabilité des messageries, même si certains détails viennent assombrir le tableau.

RCS : un protocole de communication universel

Le RCS (pour Rich Communication Services) est un protocole de communication destiné à remplacer les vieillissants SMS et MMS pour l'échange de messages sur mobile. Développé depuis 2012 par les principaux acteurs de la téléphonie, le RCS est à la fois plus sophistiqué et plus riche que le SMS, avec des fonctions proches de celles qu'offrent des applis comme WhatsApp, Signal, Telegram ou iMessage. Comme ces services, le RCS passe par Internet, plus exactement, par les données mobiles, alors que SMS utilise le réseau cellulaire en 2G. De fait, comme ces messageries instantanées, il offre beaucoup plus de souplesse et de fonctions que les traditionnels SMS et MMS : accusés de réception et de lecture, localisation et indicateur de saisie en temps réel, envoi de photos et de vidéos en haute qualité, conversations de groupe, appels vidéo, etc. En outre, comme le SMS, il ne dépend d'aucune entreprise spécifique ni d'aucune appli particulière, contrairement à WhatsApp, Messenger ou iMessage : il suffit d'utiliser une application compatible – telle que Google Messages – pour échanger instantanément, indépendamment de l'opérateur téléphonique. Ce n'est pas un format propriétaire, mais un protocole ouvert. Bref, il combine tous les avantages d'un protocole normé comme le SMS avec ceux d'une appli de messagerie "privée" et moderne.

Toutefois, malgré ses qualités et ses promesses, le RCS peine à convaincre. Il n'a pas été massivement adopté par les opérateurs, qui semblent se contenter encore du duo SMS-MMS et d'applis de messagerie instantanée. Seul Google semble vouloir le promouvoir, à travers son application Messages, souvent installée en standard sur les téléphones Android. Pour abandonner le SMS au profit du RCS, les industriels et les acteurs de la téléphonie mobile ont besoin d'une impulsion forte, qu'Apple pourrait bien apporter.

RCS dans iMessage : alors, bulle bleue ou bulle verte ?

Mais pourquoi une telle volte-face après des années de refus ? C'est certainement dû à la pression qui émane de l'Union européenne. En effet, la législation sur les marchés numériques (DMA) impose un certain niveau d'interopérabilité entre messageries. Le RCS peut être cette passerelle commune. Or, hasard du calendrier, le 16 novembre correspond à la date butoir pour faire appel de son inscription sur la liste du DMA. En adoptant le RCS, Apple pourrait tenter de prouver que son iMessage est déjà conforme aux normes européennes et qu'il n'a pas besoin d'être régulé. Un moyen d'être dans les clous, sans pour autant abandonner complètement sa position.

Car la firme de la pomme ne va pas abandonner iMessage. L'intégration du RCS se fera "en parallèle d'iMessage". Pour faire simple, les messages envoyés entre appareils Apple continueront d'utiliser iMessage tandis que ceux échangés entre des appareils Android utiliseront le RCS plutôt que le SMS, afin de bénéficier des avantages du nouveau protocole. De ce fait, l'opposition entre les bulles bleues, envoyées depuis un iPhone, et les bulles vertes, envoyées depuis un smartphone Android, va continuer d'exister, même s'il y aura un écart moindre en matière de fonctions entre les deux protocoles. Et ça reste un problème...

En effet, la couleur de la bulle de texte est devenu un marqueur social important, notamment en outre-Atlantique, à tel point que les jeunes craignent d'être exclus des groupes sociaux s'ils n'arborent pas un iPhone. Aux États-Unis, 87 % de la fameuse Gen Z sont sur iOS. Pour les autres, impossible de passer inaperçus, car les messages envoyés depuis un appareil Android s'affichent en vert, tandis que ceux envoyés depuis un iPhone s'affichent en bleu. Par conséquent, les adolescents craignent d'être exclus de leur cercle social s'ils utilisent un smartphone sous Android. Une  "sélection sociale" qui atteint jusqu'aux strates amoureuses – et c'est sans compter les nombreux cas de harcèlement scolaire, qu'Apple va continuer d'alimenter (voir notre article). Résultat : la pression sociale est un véritable argument de vente dont Apple ne va certainement pas se priver ! Après, il est vrai qu'en termes de sécurité, iMessage est un peu mieux loti, puisque les messages sont chiffrés de bout en bout, ce qui n'est pas le cas, par défaut, pour les messages RCS. Apple a tout de même indiqué vouloir travailler avec l'association GSMA pour justement améliorer le protocole, en le rendant plus robuste et plus sûr.