Même si vous refusez, Meta va piller vos données publiées sur Facebook et Instagram pour entraîner son IA

Même si vous refusez, Meta va piller vos données publiées sur Facebook et Instagram pour entraîner son IA

Contrairement à ce qu'il avait annoncé, Meta va bel et bien utiliser les données publiques des utilisateurs Facebook, Instagram et Threads pour entraîner son IA maison, Meta AI. Vous avez peu de temps pour vous y opposer... dans certains cas seulement.

Ce n'était qu'une question de temps avant que Meta ne tente de mettre la main sur les précieuses données personnelles de ses utilisateurs européens ! En effet, cela fait un peu moins d'un mois que Meta AI, l'assistant conversationnel qui permet de poser des questions à tout moment sur toutes sortes de sujets, sans avoir à passer d'une application à une autre, est arrivé sur Facebook, Instagram, Threads et WhatsApp en Europe (voir notre article). Un lancement qui intervient plus d'un an après son déploiement aux États-Unis, en raison de la réglementation européenne, beaucoup plus stricte au niveau de la collecte de données pour entraîner l'intelligence artificielle.

Pour respecter ces contraintes, Meta AI possède des fonctions plus restreintes qu'en Outre-Atlantique, et la société avait promis que son IA ne s'appuierait pas sur les données des utilisateurs pour son entraînement. Elle a visiblement changé d'avis puisqu'elle a discrètement posté un message sur son blog annonçant que l'entreprise allait se servir des publications sur ses plateformes (à l'exception de WhatsApp) et des interactions avec Meta AI pour entraîner son modèle de langage. Selon l'AFP, les utilisateurs européens ont jusqu'au 27 mai pour s'opposer à l'utilisation de leurs données à cette fin. Toutefois, malgré un éventuel refus, l'entreprise pourra traiter leurs informations dans certains cas…

Meta AI : toutes les données publiques pour entraîner l'IA

Le contenu public publié sur les plateformes du géant américain va donc servir à alimenter Meta AI, "afin de comprendre les nuances et les complexités incroyablement riches qui caractérisent les communautés européennes", explique l'entreprise. "Cela inclut tout, des dialectes et expressions locales aux connaissances hyper-spécifiques, sans oublier les différentes façons dont chaque pays utilise l'humour et le sarcasme dans nos produits".

© Meta

Légendes des photos, publications, commentaires, mais aussi discussions avec Meta AI... Tous vont "bientôt" pouvoir être utilisés pour entraîner ses modèles d'intelligence artificielle générative. Seront épargnés les comptes des moins de 18 ans, les messages privés des utilisateurs adultes "avec leurs amis et leur famille", et les données issues de WhatsApp et des conversations avec Meta AI sur cette application. 

Par conséquent, les utilisateurs français et européens de Facebook, Instagram et Thread vont recevoir, dans les prochains jours, une notification pour annoncer cette petite nouveauté. Heureusement, il sera possible de s'y opposer. Grâce au Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD), Meta va proposer un formulaire afin que vous puissiez refuser que vos informations soient utilisées, qui sera accessible par le biais de la notification en question, envoyée sur les applications et par mail. L'entreprise assure que le formulaire d'objection sera "facile à trouver, à lire et à utiliser" et que celui-ci sera respecté – encore heureux ! Toutefois, il faudra y répondre avant le 27 mai, date à laquelle Meta commencera son pillage – il sera toujours possible de faire opposition par la suite. Le refus sera aussi valable pour les autres comptes liés.

Il y a toutefois un petit hic : Meta avertit qu'elle est susceptible de continuer à traiter des informations concernant les utilisateurs qui ont exprimé leur refus dans certaines situations, par exemple lorsque leurs informations apparaissent dans une image partagée publiquement ou mentionnées par un autre utilisateur. Cela aurait été trop beau sinon !

Meta AI : l'entreprise fait volte-face dans sa politique européenne

Cette décision marque un revirement pour Meta. En effet, l'entreprise avait déjà tenté, en mai 2024, le coup de la notification pour obtenir le consentement des utilisateurs pour utiliser leurs données personnelles dans l'entraînement de leur IA. Elle avait finalement fait marche arrière et retardé le lancement de son chatbot en Europe, invoquant un "système réglementaire européen complexe" . En réalité, Meta avait surtout été visée par des plaintes de l'association autrichienne de protection de la vie privée Noyb dans onze pays européens.

Cette fois, le groupe fondé par Mark Zuckerberg est soutenu par un avis du comité européen de protection des données (CEPD) publié en décembre dernier. Selon l'institution, "l'intérêt légitime" peut constituer une base légale valable pour l'utilisation de données personnelles pour le développement et le déploiement de modèles d'IA dans l'UE. "Nous saluons l'avis rendu par le CEPD en décembre, qui a confirmé que notre approche initiale respectait nos obligations légales. Depuis lors, nous avons collaboré de manière constructive avec l'IDPC et nous nous réjouissons de continuer à faire bénéficier pleinement les citoyens européens de l'IA générative", se réjouit l'entreprise. Il ne reste plus qu'à guetter la fameuse notification pour limiter la casse.