Créer un dossier de partage

Fermé
Bobby69 - 14 mars 2008 à 16:20
 h yhhh - 27 juin 2008 à 22:43
Bonjour,

Je souhaite créer un dossier de partage, un peux comme il y a dans plusieurs écoles, un dossier ou les 2 ordinateurs de la maison peuvent avoir accès, Le premier ordinateur est un Pc, sous Windows XP profesionel, le deuxième est un portable sous Windows Xp édition familiale, ils sont tout deux reliés à un routeur. Mon portable est conecté au routeur sans fils. Puis-je de cette façon partager des fichiers sans fil? Si oui j'ai besoins de la marche à suivre complète car je ne connais pas beaucoup les ordi. Merci
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2 réponses

dudu134 Messages postés 2828 Date d'inscription samedi 18 novembre 2006 Statut Membre Dernière intervention 24 janvier 2009 608
14 mars 2008 à 16:24
Bonjour,

sur un pc,
tu fais clique droit sur le dossier que tu veux partager. tu choisi partager et tu donne un nom à ton partage.

sur le deuxième pc:
tu ouvre le poste de travail, tu clique sur outils-> se connecter un lecteur réseau et tu fais parcourir et tu clique sur le dossier
0
« Vivaldi » redirige? ici. Pour les autres significations, voir Vivaldi (homonymie).
Antonio Vivaldi

Portrait de Vivaldi, gravure sur cuivre de François Morellon de La Cave.

--------------------------------------------------------------------------------

Nom Antonio Lucio Vivaldi
Naissance 4 mars 1678
Venise

Décès 28 juillet 1741
Vienne
Profession(s) Compositeur, interprète
Genre(s) Musique classique
Instrument(s) Violon
Les 4 saisons : le Printemps
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Antonio Lucio Vivaldi, né le 4 mars 1678 à Venise et mort le 28 juillet 1741 à Vienne, est un violoniste et compositeur italien[1].

Prêtre catholique, sa chevelure rousse le fit surnommer il Prete rosso (« Le Prêtre roux »), sobriquet peut-être plus connu à Venise, que son véritable nom[2].

Vivaldi a été l’un des virtuoses du violon les plus admirés de son temps[3] ; il est également reconnu comme l’un des plus importants compositeurs de la période baroque, en tant que principal créateur de concertos de soliste, genre initié par Corelli. Son influence, en Italie comme dans toute l’Europe a été considérable, et peut se mesurer au fait que Bach a adapté et transcrit plus d’œuvres de Vivaldi que d’aucun autre musicien. Son activité s’est exercée dans les domaines de la musique instrumentale — particulièrement violonistique — et de la musique lyrique ; elle a donné lieu à la production d’un nombre considérable de concertos, sonates, opéras, pièces religieuses : il se targuait de pouvoir composer un concerto plus vite que le copiste ne pouvait le recopier[4].

Comme ce fut le cas pour de nombreux compositeurs du XVIIIe siècle, sa musique, de même que son nom, fut vite oubliée après sa mort. Elle ne devait retrouver un certain intérêt auprès des érudits qu’au XIXe siècle, à la faveur de la redécouverte de Bach ; cependant sa véritable reconnaissance a eu lieu pendant la première moitié du XXe siècle, grâce aux travaux d'érudits ou musicologues tels Arnold Schering ou Alberto Gentili, à l'implication de musiciens tels Marc Pincherle, Olga Rudge, Angelo Ephrikian ou Alfredo Casella, à l'enthousiasme d'amateurs éclairés comme Ezra Pound.

Aujourd’hui, certaines de ses œuvres instrumentales, et notamment les quatre concertos connus sous le titre « Les Quatre Saisons » comptent parmi les plus populaires du répertoire classique.

Sommaire [masquer]
1 Biographie
1.1 Jeunesse
1.2 Maître de violon au Pio Ospedale della Pietà
1.3 Édition des premières œuvres
1.4 Renoncement à dire la messe
1.5 Début d’une renommée européenne
1.6 L’Estro Armonico
1.7 Compositeur d’opéras
1.8 Impresario du teatro Sant’Angelo
1.9 Voyages et séjours hors de Venise
1.10 Anna Giró
1.11 La lumière puis l’ombre
1.12 Dernières années à Venise
1.13 Départ de Venise et décès à Vienne
1.14 Personnalité
2 Postérité
2.1 Influence
2.2 Oubli et redécouverte
2.3 Les manuscrits de Turin
3 L’art de Vivaldi
3.1 Musique instrumentale
3.1.1 Sonates
3.1.2 Concertos
3.1.3 Les œuvres publiées sous n° d’opus
3.2 Musique lyrique
3.2.1 Opéras
3.2.2 Cantates
3.3 Musique sacrée
3.4 Inventaire de ses œuvres
4 Vivaldi au cinéma
5 Sources et bibliographie
6 Notes et références
7 Voir aussi
7.1 Liens externes
7.2 Partitions en ligne



Biographie [modifier]
La vie de Vivaldi est très mal documentée : aucun biographe sérieux, avant le XXe siècle, ne s’est préoccupé de retracer sa vie. On s’appuie donc sur de rares témoignages directs (ceux du président de Brosses, de Carlo Goldoni, de l’architecte allemand von Uffenbach qui rencontrèrent le musicien), sur les quelques écrits de sa main et sur les documents de toutes natures retrouvés dans divers fonds d’archives en Italie et à l’étranger. Pour donner deux exemples concrets, ce n’est qu’en 1938 qu’on a pu déterminer avec exactitude la date de son décès, portée sur l’acte retrouvé à Vienne et en 1963, celle de sa naissance en identifiant son acte de baptême (auparavant, 1678 n’était qu’une estimation déduite des étapes connues de sa carrière ecclésiastique).

Il en résulte que de nombreuses lacunes et imprécisions entachent encore sa biographie, et que se poursuivent les travaux de recherche. Certaines périodes de sa vie demeurent complètement obscures, de même que les nombreux voyages entrepris ou supposés en Italie et à l’étranger. Ceci est également vrai pour la connaissance de son œuvre et l’on retrouve encore des pièces que l’on pensait perdues, ou qui demeuraient inconnues.


Jeunesse [modifier]

L’église San Giovanni Battista in Bragora où fut baptisé VivaldiAîné de la famille, Antonio Vivaldi naquit à Venise le vendredi 4 mars 1678. Ce jour-là se produisit dans la région un tremblement de terre. Il fut ondoyé dès sa naissance par la sage-femme et nourrice Margarita Veronese (soit à cause du séisme, soit parce que la naissance s’était déroulée dans de mauvaises conditions qui pouvaient faire craindre la mort du nouveau-né)[5]. L’hypothèse selon laquelle il aurait été chétif et fragile dès sa naissance est plausible, car il devait plus tard toujours se plaindre d’une santé déficiente, résultant d’un « resserrement de poitrine » (strettezza di petto) que l’on imagine être une forme d’asthme[6]. Le baptême fut complété (par l’exorcisme et les onctions rituelles) deux mois plus tard, le 6 mai 1678, en l’église paroissiale San Giovanni in Bragora dont dépendait le domicile de ses parents, à la Ca’ Salomon, Campo Grande[7] dans le sestiere del Castello (un des six quartiers de Venise).

Son père, Giovanni Battista Vivaldi (1655-1736) était originaire de Brescia, barbier et violoniste ; sa mère, Camilla Calicchio, fille d’un tailleur, était venue de la Basilicate. Ils s’étaient mariés en 1676 dans cette même église et devaient avoir huit autres enfants dont deux moururent en bas âge, successivement : Margherita Gabriella (1680-?), Cecilia Maria (1683-?), Bonaventura Tommaso (1685-?), Zanetta Anna (1687-1762), Francesco Gaetano (1690-1752), Iseppo Santo (1692-1696), Gerolama Michela (1694-1696), enfin Iseppo Gaetano (1697-?)[8]. Antonio devait être le seul musicien parmi les enfants[9]. On avait les cheveux roux de façon héréditaire dans la famille Vivaldi, et Giovanni Battista était nommé Rossi dans les registres de la Chapelle ducale : trait physique dont hérita Antonio et qui devait lui donner son surnom.


La place Saint-Marc et la Basilique au temps de Vivaldi
Tableau de Canaletto (1697-1768)
Collection Thyssen-Bornemisza, MadridLe père avait probablement plus de goût pour la musique que pour son métier de barbier, car on le vit engagé dès 1685 comme violoniste de la basilique Saint-Marc, haut lieu de la musique religieuse en Italie dont la célèbre maîtrise était confiée la même année à Giovanni Legrenzi[10]. Il fut, tout comme celui-ci et comme son collègue Antonio Lotti, parmi les fondateurs du Sovvegno dei musistici di Santa Cecilia, confrérie de musiciens vénitiens. À son engagement à la Chapelle ducale, il ajouta à partir de 1689 ceux de violoniste au teatro di San Giovanni Grisostomo et à l’Ospedale dei Mendicanti.

Antonio apprit le violon auprès de son père, et il se révéla précoce et extrêmement doué. Tôt admis à la Chapelle ducale, il reçut peut-être (aucune preuve positive n’a été retrouvée) des leçons de Legrenzi lui-même[11]. Ce ne put être cependant que de courte durée, et l’influence reçue minime, car celui-ci mourut dès 1690. Il est certain néanmoins que Vivaldi bénéficia pleinement de l’intense vie musicale qui animait la basilique Saint-Marc et ses institutions, où il remplaçait son père de temps à autre.


L’église San Giovanni in Oleo, aujourd’hui disparue, était située sur la place Saint-Marc, à l’opposé de la basilique
Tableau de Francesco Guardi (1712-1793)
Kunsthistorisches Museum, VienneCe dernier le destina très tôt à l’état ecclésiastique ; c’était probablement la recherche, pour son fils, d’une belle carrière qui le guida et fut la raison principale de cette orientation, plus qu’une vocation du jeune garçon pour l’état religieux auquel il devait se consacrer très peu au cours de sa vie. À partir de dix ans, il suivit donc les cours nécessaires à l’école de la paroisse San Geminiano et, le 18 septembre 1693, ayant atteint l’âge minimum requis, il reçut la tonsure des mains du patriarche de Venise, le cardinal Badoaro. Il n’abandonna pas pour autant ses activités musicales et fut d’ailleurs nommé, en 1696, musicien surnuméraire à la Chapelle ducale, et reçu membre de l’Arte dei sonadori, guilde de musiciens[12]. Il reçut les ordres mineurs à la paroisse San Giovanni in Oleo, sous-diaconat le 4 avril 1699, puis diaconat le 18 septembre 1700. Enfin, il fut ordonné prêtre le 23 mars 1703. Il devait continuer à vivre en famille, avec ses parents jusqu’à leur décès — le père et le fils continuant d’ailleurs à travailler en toute proximité quand ce n’était pas en étroite collaboration.

Bien que mal connu, le rôle qu’a joué Giovanni Battista Vivaldi dans la vie et le développement de la carrière de son fils semble d’une importance primordiale et prolongée puisqu’il décéda cinq ans seulement avant lui. Il semble lui avoir ouvert bien des portes — notamment dans le milieu de l’opéra — et l’avoir accompagné lors de nombreux voyages.


Maître de violon au Pio Ospedale della Pietà [modifier]
À la même époque, le jeune homme avait été choisi comme maître de violon par les autorités du Pio Ospedale della Pietà et engagé à cet effet dès septembre 1703, aux appointements annuels de 60 ducats par an.


Le Pio Ospedale della Pietà
Gravure de A. Portio et A. Dalla Via
Musée Correr, VeniseFondée en 1346, cette institution religieuse était le plus prestigieux des quatre hospices financés par la Sérénissime République et destinés à recueillir les jeunes enfants abandonnés, orphelins, bâtards ou de famille trop indigente pour les élever[13]. Les garçons restaient jusqu’à l’adolescence, après quoi ils partaient en apprentissage. Cloîtrées presque comme des religieuses, les jeunes filles recevaient une éducation musicale poussée qui en faisait des chanteuses et des musiciennes de valeur, dans la pratique du chant (certaines pouvaient chanter les parties de ténor et de basse des choeurs) et de tous les instruments possibles. Une hiérarchie distinguait les jeunes filles, selon leur talent : à la base se trouvaient les figlie di coro, plus expérimentées étaient les privileggiate di coro — elles pouvaient prétendre à être demandées en mariage et pouvaient se produire à l’extérieur ; au sommet étaient les maestre di coro qui pouvaient instruire leurs compagnes. Des concerts publics et payants étaient organisés et très courus des mélomanes et des amateurs d’aventures galantes. Dans chaque ospedale, on trouvait un maître de chœur (maestro di coro), responsable de l’institution pour ce qui concernait la musique[14], un organiste, un professeur d’instruments (maestro di strumenti) et d’autres professeurs spécialisés.

Dans sa lettre du 29 août 1739 adressée à M. de Blancey, Charles de Brosses écrit[15]

« La musique transcendante ici est celle des hôpitaux. Il y en a quatre, tous composés de filles bâtardes ou orphelines, et de celles que leurs parents ne sont pas en état d’élever. Elles sont élevées aux dépens de l’État, et on les exerce uniquement à exceller dans la musique. Aussi chantent-elles comme des anges, et jouent du violon, de la flûte, de l’orgue, du hautbois, du violoncelle, du basson ; bref, il n’y a si gros instrument qui puisse leur faire peur. Elles sont cloîtrées en façon de religieuses. Ce sont elles seules qui exécutent, et chaque concert est composé d’une quarantaine de filles. Je vous jure qu’il n’y a rien de si plaisant que de voir une jeune et jolie religieuse, en habit blanc, avec un bouquet de grenades sur l’oreille, conduire l’orchestre et battre la mesure avec toute la grâce et la précision imaginables. Leurs voix sont adorables pour la tournure et la légèreté ; car on ne sait ici ce que c’est que rondeur et sons filés à la française. (…) Celui des quatre hôpitaux où je vais le plus souvent et où je m’amuse le mieux, c’est l’hôpital de la Piété ; c’est aussi le premier pour la perfection des symphonies. »

Dans ses Confessions, Jean-Jacques Rousseau donne un autre témoignage vécu de la qualité de ces orchestres de jeunes filles qu’il a pu apprécier[16] pendant son séjour à Venise[17],[18]


Concert donné dans la salle des Filarmonici par les pensionnaires (en tribune, à gauche) d’un Ospedale vénitien
Tableau de Francesco Guardi (1712-1793)
Alte Pinakothek, MunichDisposer à volonté de ces musiciennes chevronnées, sans souci du nombre ni du temps passé ou du coût était un avantage considérable pour un compositeur qui pouvait donner libre cours à sa créativité et mettre à l’essai toutes sortes de combinaisons musicales. Or, dès cette époque, le jeune maître de violon avait certainement commencé sa carrière de compositeur et à se faire remarquer par ses œuvres diffusées en manuscrits, sa renommée naissante pouvant justifier son choix pour ce poste important.

Cet engagement n’était pas perpétuel, mais soumis au vote régulier des administrateurs. L’esprit d’indépendance de Vivaldi devait lui valoir un vote défavorable à plusieurs reprises et son éloignement temporaire. Dans l’immédiat, il se vit en 1704 confier l’enseignement de la viola all’ inglese avec un salaire porté à 100 ducats, et en 1705 celui de la composition et de l’exécution des concertos, son salaire étant augmenté à 150 ducats annuels — somme très minime à laquelle s’ajoutait la rémunération des messes quotidiennes dites pour la Pietà ou pour de riches familles patriciennes également acheteuses de concertos.

La direction musicale de la Pietà était assurée depuis 1701 par Francesco Gasparini, « maestro di coro ». Celui-ci, musicien de talent et extrêmement fécond[19], consacrait cependant une part prépondérante de son activité à monter des opéras au théâtre San Angelo[20]. De ce fait, il se déchargea sur Vivaldi d’un nombre croissant de tâches, permettant à ce dernier de devenir en fait le principal animateur de la musique de l’établissement.


Édition des premières œuvres [modifier]

Frontispice de l’Opus IPuisque Vivaldi avait été chargé d’enseigner la composition des concertos aux jeunes filles de la Pietà en 1705, il faut supposer qu’il avait déjà, à cette époque, une solide réputation de compositeur. Ses œuvres avaient déjà circulé sous la forme de copies manuscrites, pratique courante à cette époque, quand il décida en 1705 de faire imprimer son Opus I par l’éditeur de musique le plus connu de Venise, Giuseppe Sala.


Vivaldi donna plusieurs concerts chez l’abbé de Pomponne, ambassadeur de FranceCe recueil comprenait douze suonate da camera a tre dédiées au comte Annibale Gambara, un noble vénitien. Ces sonates en trio de facture assez traditionnelle se démarquaient encore peu de celles de Corelli.

Cette même année, Vivaldi participa à un concert chez l’abbé de Pomponne, alors ambassadeur de France : il devait rester, en quelque sorte, le musicien officiel de la représentation diplomatique française à Venise. Lui et ses parents habitaient désormais dans un appartement du campo dei SS. Filippo e Giacomo, derrière la Basilique Saint-Marc.

En 1706, les Vivaldi, père et fils, étaient désignés comme les meilleurs violonistes de la ville par un guide destiné aux étrangers[21].


Renoncement à dire la messe [modifier]
La musique devint alors son occupation exclusive, car à l’automne 1706, il cessa définitivement de dire la messe. Fétis qui, par ailleurs ne consacra à Vivaldi qu’une demi-page dans sa monumentale Biographie universelle des musiciens et biographie générale de la musique publiée en 1835, rapporta une explication[22], démentie par les écrits de l’intéressé lui-même, redécouverts depuis lors, mais qui fit florès :

« On rapporte sur Vivaldi cette anecdote singulière : Disant un jour sa messe quotidienne, il lui vint une idée musicale dont il fut charmé ; dans l’émotion qu’elle lui donnait, il quitta sur-le-champ l’autel et se rendit à la sacristie pour écrire son thème puis il revint achever sa messe. Déféré à l’inquisition, il fut heureusement considéré comme un homme dont la tête n’était pas saine, et l’arrêt prononcé contre lui se borna à lui interdire la célébration de la messe »

Dans une lettre écrite en 1737, Vivaldi exposa une raison différente et plausible, à savoir que la difficulté respiratoire, cette oppression de poitrine, qu’il a toujours éprouvée l’aurait obligé à plusieurs reprises à quitter l’autel sans pouvoir terminer son office, et qu’il avait ainsi volontairement renoncé à cet acte essentiel de la vie d’un prêtre catholique[23]. Pour autant, il ne renonça pas à l’état ecclésiastique, continuant sa vie durant à en porter l’habit et à lire son bréviaire ; il était d’ailleurs extrêmement dévot. Dans son Historisch-biographisches Lexikon der Tonkünstler en deux volumes (1790/1792), le compositeur et musicographe Ernst Ludwig Gerber affirme même qu’il était « extraordinairement bigot »[24] — ce qui ne l’empêcha pas de se consacrer pendant toute sa carrière à des activités séculières bien loin des préoccupations normales et habituelles d’un prêtre.


Début d’une renommée européenne [modifier]
Par sa virtuosité et la diffusion croissante de ses compositions, Vivaldi sut s’introduire efficacement dans les milieux les plus aristocratiques. Il fréquentait le palais Ottoboni. En 1707, lors d’une fête donnée par le prince Ercolani, ambassadeur de l’empereur d’Autriche, il participa à une joute musicale qui l’opposa à un autre prêtre violoniste, don Giovanni Rueta, musicien bien oublié aujourd’hui, mais protégé de l’Empereur lui-même : un tel honneur ne pouvait être accordé qu’à un musicien jouissant déjà de la plus haute considération.

Dans la même période, plusieurs musiciens étrangers vinrent séjourner à Venise. Pendant le carnaval de 1707, Alessandro Scarlatti fit représenter au théâtre San Giovanni Grisostomo (celui-là même où le père Vivaldi était violoniste) deux de ses opéras de facture napolitaine : Mitridate Eupatore et Il trionfo della libertà. L’année suivante son fils Domenico Scarlatti, le fameux claveciniste, vint étudier auprès de Gasparini auquel s’était lié d’amitié son père. Enfin, Georg Friedrich Haendel, sur la fin de son séjour italien, vint aussi dans la ville des lagunes et y fit représenter triomphalement, le 26 décembre 1709, son opéra Agrippina dans le même théâtre San Giovanni Grisostomo. Même si l’on n’en a pas de preuve certaine, tout — les lieux fréquentés comme les personnes côtoyées — laisse penser que Vivaldi n’a pas pu manquer de rencontrer ces confrères, qui lui auront peut-être donné l’envie de tâter de l’opéra. Cependant, aucune influence stylistique ne peut se déceler dans leurs productions respectives[25].


Frédéric IV de Danemark fut dédicataire de l’opus 2 de VivaldiVivaldi eut encore l’occasion d’accroître le cercle de ses relations de haut rang avec la venue à Venise, en voyage privé de décembre 1708 à mars 1709, du roi Frédéric IV de Danemark. Celui-ci arrivait à Venise avec l’intention de profiter au maximum du fameux carnaval vénitien. Débarqué le 29 décembre, il assista dès le lendemain à la Pietà à un concert dirigé par Vivaldi. Il devait pendant son séjour entendre plusieurs fois d’autres concerts des jeunes filles sous la direction de leur maestro di violino qui finalement dédia à Sa Majesté, avant son départ le 6 mars, son opus 2 consistant en douze sonates pour violon et basse continue, juste sorti des presses de l’imprimeur vénitien Antonio Bortoli. Le souverain, amateur de musique italienne et de belles femmes, emportait également douze portraits de jolies vénitiennes peints en miniature à son intention par Rosalba Carriera.

L’empressement de Vivaldi à l’égard du roi du Danemark était peut-être lié à l’évolution de ses rapports avec les gouverneurs de la Pietà dont le vote, en février, avait mis fin à ses fonctions. De cette date à septembre 1711, un flou complet entoure ses activités. Cependant, son père fut engagé en 1710 comme violoniste au théâtre Sant’Angelo, l’un des nombreux théâtres vénitiens produisant des opéras[26]. C’est peut-être par son entremise qu’Antonio approfondit ses relations avec Francesco Santurini, douteux impresario de ce théâtre qui y était également l’associé de Gasparini.

On sait en tout cas qu’il était présent à Brescia en février 1711, et l’hypothèse d’un voyage à Amsterdam est évoquée[27]


L’Estro Armonico [modifier]

Le Grand-Duc de Toscane Ferdinand III, dédicataire de l’Estro armonico
Tableau de Niccolò Cassani
Galerie des Offices, FlorenceC’est en effet à Amsterdam que Vivaldi devait dorénavant confier l’édition de ses œuvres au fameux éditeur de musique Estienne Roger et à ses successeurs, insatisfait qu’il était de ses premiers imprimeurs vénitiens.

Son opus 3, recueil de douze concertos pour instruments à cordes intitulé L'Estro Armonico sortit des presses d’Estienne Roger en 1711. Il était dédié à l’héritier du Grand-Duché de Toscane Ferdinand III et marqua une date capitale dans l’histoire de la musique européenne : de cet ouvrage date en effet la transition entre le concerto grosso et le concerto de soliste moderne.


Ouvrages contemporains et posthumes, les recueils de Torelli (opus 8 édité en 1709) et de Corelli (opus 6 édité en 1714) restaient fidèles à la forme du concerto grosso ; Vivaldi proposait de façon inédite dans son recueil des concertos grossos de facture traditionnelle, généralement en quatre mouvements (lent-vif-lent-vif) avec opposition concertino-ripieno (les numéros 1, 2, 4, 7, 10 et 11) et des concertos solistes dont la structure en trois mouvements (vif-lent-vif) est celle de l'ouverture à l'italienne. Le soliste virtuose y est confronté seul à l’orchestre (numéros 3, 6, 9, 12 ; les numéros 5 et 8, avec deux solistes, sont à classer dans cette seconde catégorie).

Choisir le très réputé éditeur hollandais était un moyen privilégié d’accéder à la célébrité européenne : L’Estro Armonico parvint, sous forme de copie manuscrite, au fond de la Thuringe, entre les mains de Johann Gottfried Walther, grand amateur de musique italienne, cousin et ami de Johann Sebastian Bach. Ce dernier, alors en poste à Weimar, fut si enthousiasmé par les concertos de Vivaldi qu’il en transcrivit plusieurs pour le clavier : exercice de style impressionnant — tant les caractéristiques musicales du violon et du clavecin sont différentes — mais diversement apprécié[28].

On retrouve la trace de Vivaldi à partir de septembre 1711 : il fut, ce mois-là, à nouveau investi de ses fonctions à la Pietà. L’année 1712 voit la création à Brescia de l’un de ses grands chefs-d’œuvre de musique religieuse, le Stabat Mater pour alto, composition poignante et d’une haute inspiration.


Compositeur d’opéras [modifier]
Les 4 saisons : l'Été
Allegro non molto


Adagio


Presto


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C’est seulement en 1713 — il avait trente-cinq ans — que Vivaldi aborda pour la première fois l’opéra, la grande affaire de tout compositeur de renom dans cette Italie du début du XVIIIe siècle.

Son statut d’ecclésiastique, déjà bien compromis de réputation par son comportement inhabituel, le fit peut-être hésiter à prendre ce tournant plus tôt. Si l’on admirait le virtuose et le compositeur, sa personnalité fantasque et le caractère ambigu de son entourage féminin sentaient le scandale. Or, œuvrer dans le milieu interlope de l’opéra n’était pas le gage de la meilleure moralité, à bien des points de vue ; cette activité jouissait d’un tel succès populaire qu’elle devait nécessairement intéresser les aigrefins de tout poil ou tourner la tête des chanteurs les plus talentueux dont les caprices, les excentricités et les aventures défrayaient la chronique.

Les méthodes des impresarios étaient parfois d’une honnêteté toute relative ; c’est ainsi que Gasparini et Santurini s’étaient retrouvés au tribunal pour avoir enlevé et rossé deux cantatrices mécontentes de n’avoir pas reçu le salaire convenu — l’une d’elles était même très malencontreusement tombée dans un canal ; la bienveillance des juges avait pu être obtenue grâce à l’intervention de relations influentes…

Venise s’étourdissait dans les fêtes[29] comme pour exorciser son irréversible déclin politique, dont le contrepoint était une floraison artistique sans précédent : la folie de l’opéra en faisait partie et Marc Pincherle a chiffré à quatre cent trente deux le nombre d’œuvres représentées à Venise entre 1700 et 1743. Comment un musicien de génie et ambitieux pouvait-il rester à l’écart de ce mouvement qui pouvait amener la célébrité et les plus grands succès ?

Le livret du premier opéra de Vivaldi, Ottone in villa fut écrit par Domenico Lalli, en fait le pseudonyme de Sebastiano Biancardi, poète napolitain et escroc à ses heures qui, recherché par la police de Naples, était venu se réfugier à Venise. Les deux hommes s’étaient liés d’amitié. Le nouvel opéra fut créé non à Venise, mais pour une raison inconnue, le 17 mai 1713 à Vicence où Vivaldi s’était rendu, avec son père, après avoir obtenu un congé temporaire des autorités de la Pietà. Pendant son séjour à Vicence, il participa à l’exécution de son oratorio la Vittoria navale predetta dal santo pontefice Pio V Ghisilieri[30] à l’occasion de la canonisation du pape Pie V.

Après Ottone in villa, Vivaldi devait composer un ou plusieurs opéras presque chaque année jusqu’en 1739 : à l’en croire, il en aurait écrit 94. Cependant, le nombre de titres identifiés reste inférieur à 50 et moins de 20 ont été conservés, complètement ou partiellement en ce qui concerne la musique qui, contrairement aux livrets, n’était jamais imprimée.


Impresario du teatro Sant’Angelo [modifier]
L’étrange Prêtre Roux ne devait pas se contenter de composer de la musique d’opéras et d’en diriger, avec son violon, l’interprétation. Dès la fin de l’année 1713, il assura, sinon en titre, du moins en fait, la fonction d’impresario du teatro Sant’Angelo — ce terme d’impresario devant s’entendre comme « entrepreneur » en succession de Santurini, douteux homme d’affaires déjà cité plus haut. L’impresario cumulait toutes les responsabilités : administration, établissement des programmes, engagement des musiciens et chanteurs, financement, etc. Malgré ses incommodités physiques — réelles ou prétendues — Vivaldi assuma toutes ces tâches prenantes en y incluant la composition des opéras, sans pour autant renoncer à ses fonctions moins rémunératrices mais plus nobles à la Pietà ou à composer sonates et concertos pour l’édition ou le compte de divers commanditaires (institutions religieuses, riches et nobles amateurs) : en 1714 il composa pour la Pietà son premier oratorio, Moyses Deux Pharaonis — dont la musique est perdue — et fit éditer à Amsterdam son Opus 4 intitulé La Stravaganza. Ce recueil de 12 concertos pour violon dédiés à un jeune noble vénitien de ses élèves, Vettor Dolfin[31] fixait de façon quasi définitive la forme du concerto de soliste en trois mouvements Allegro — Adagio — Allegro.


Le palais Corner-Spinelli près duquel se trouvait le théâtre Sant’AngeloLe Sant’Angelo, bien situé sur le Grand Canal près du palazzo Corner-Spinelli, ne jouissait pas d’une situation juridique très claire. Fondé par Santurini en 1676 sur un terrain appartenant aux familles patriciennes alliées des Marcello et Capello, il ne leur avait pas été restitué au terme de la concession, Santurini continuant à l’exploiter sans titre comme si de rien n’était et malgré les démarches effectuées par les propriétaires. Cet état de fait devait perdurer au profit de Vivaldi opérant de façon officielle de l’automne 1713 au Carnaval 1715, mais aussi, le plus souvent, par l’intermédiaire de prête-noms (Modotto, Mauro, Santelli, Orsato), parmi lesquels nous retrouvons également son père. Quant à Santurini, il devait décéder en 1719. L’opacité des opérations de gestion laissait planer le doute sur l’honnêteté de l’impresario et de ses comparses et des bruits coururent sur des détournements de fonds, des abus de confiance… Il est en outre possible que la position de Vivaldi à la Pietà permît également des arrangements favorables en matière de prestations musicales ou d’autre nature[32].

C’est dans ce théâtre Sant’Angelo que Vivaldi produisit à l’automne 1714 son second opéra, Orlando finto pazzo. Il annota en marge du manuscrit « Se questa non piace, non voglio più scrivere di musica » (« si celui-ci [cet opéra] ne plaît pas, je ne veux plus écrire de musique »)[33]. De fait, et bien qu’on n’ait pas d’échos du succès de ce second opéra, il continua à en écrire et pendant les quelques années qui suivirent, ses diverses activités de compositeur, Maestro dei Concerti, virtuose du violon, impresario se poursuivirent à un rythme soutenu.

En 1715, il composa et produisit au Sant’Angelo le pasticcio Nerone fatto Cesare ; en visite à Venise, l’architecte mélomane Johann Friedrich Armand von Uffenbach venu de Francfort assista à trois de ses représentations. Il lui commanda des concertos : trois jours plus tard Vivaldi lui en apporta dix, qu’il prétendit avoir composés tout spécialement. Il se fit également enseigner sa technique violonistique et témoigna dans une lettre de l’extraordinaire virtuosité de Vivaldi :

« … vers la fin Vivaldi interpréta un accompagnement en solo admirable, qu’il enchaîna avec une cadence qui m’épouvanta vraiment car on ne saurait jamais jouer quelque chose d’aussi impossible, ses doigts arrivaient à un fétu de paille du chevalet, laissant à peine la place pour le parcours de l’archet et ceci sur les quatre cordes, avec des fugues et une rapidité incroyable, ceci étonna tout le monde ; je dois cependant avouer que je ne peux dire avoir été charmé, parce que ce n’était pas aussi agréable à entendre que ce n’était fait avec art. [34] »

Pendant les saisons qui suivirent, Vivaldi composa et présenta au Sant’Angelo successivement en 1716, Arsilda, regina di Ponto et en 1717 l’Incoronazione di Dario. Arsilda fut la cause de la rupture avec Domenico Lalli, auteur du livret. En effet, celui-ci fut tout d’abord censuré et Lalli rendit responsable Vivaldi du fait des modifications que ce dernier avait demandées. Cette brouille définitive devait par la suite interdire à Vivaldi de se produire aux théâtres San Samuele et San Giovanni Grisostomo dont Lalli allait devenir l’imprésario attitré.[35]

Mais son activité de compositeur put se développer au San Moisè, pour lequel il composa en 1716 la Costanza trionfante, en 1717 Tieteberga et en 1718 Armida al campo d’Egitto.


Johann Georg Pisendel, élève et ami de VivaldiLa même période vit la publication, à Amsterdam chez Jeanne Roger, de l’Opus 5 (6 sonates pour 1 ou 2 violons avec basse continue) et la création pour la Pietà, en novembre 1716, du seul oratorio qui nous soit parvenu, chef d’œuvre de la musique religieuse : Juditha triumphans qui était aussi une pièce de circonstance destinée à commémorer la victoire du Prince Eugène sur les Turcs à Petrovaradin : l’allégorie oppose la chrétienté, personnifiée par Judith à la puissance turque représentée par Holopherne.

Violoniste à la Chapelle de la Cour ducale de Saxe à Dresde, Johann Georg Pisendel vint en 1717 passer une année à Venise aux frais de son prince pour se former auprès du maître vénitien ; à l’exception des jeunes filles de la Pietà, Pisendel devint ainsi l’un de ses seuls disciples connus[36]. Les deux hommes se lièrent d’une profonde amitié. Lorsque Pisendel retourna en Saxe, il emporta avec lui une collection importante d’œuvres instrumentales de Vivaldi, parmi lesquelles ce dernier lui dédia personnellement six sonates, une sinfonia et cinq concertos portant la dédicace « fatte p. Mr. Pisendel ». Ces pièces se trouvent aujourd’hui à la Landesbibliothek de Dresde.

Les Opus 6 (Six concertos pour violon) et 7 (Douze concertos pour violon ou hautbois) furent publiés à Amsterdam chez Jeanne Roger entre 1716-1721, apparemment sans la supervision personnelle du compositeur et, en tous cas, sans dédicace.


Voyages et séjours hors de Venise [modifier]
Les opéras de Vivaldi sortirent bientôt des frontières de la République de Venise. Scanderbeg, sur un texte d’Antonio Salvi, fut créé au théâtre de la Pergola à Florence en juin 1718.


Apostolo Zeno, le fameux poète vénitien, auteur des livret de Teuzzone, l’Atenaide, la Griselda et l’Oracolo in MesseniaPendant deux ans à partir du printemps 1718, Vivaldi séjourna à Mantoue en tant que Maître de Chapelle du landgrave Philippe de Hesse-Darmstadt[37] . Les circonstances de cet engagement ne sont pas éclaircies, ni celles de son retour à Venise. Toujours est-il que c’est au théâtre archiducal de Mantoue que sont créés les opéras Teuzzone en 1718, Tito Manlio en 1719 et La Candace en 1720. Par la suite, Vivaldi continua à faire état, non sans fierté, de son titre de Maestro di Cappella di Camera di SAS il sig. Principe Filippo Langravio d’Hassia Darmistadt.

Vivaldi ne faisait rien pour passer inaperçu. Arguant de son handicap physique qui ne l’empêchait ni de mener une vie trépidante d’activité, ni d’entreprendre de longs et pénibles voyages, il ne se déplaçait « qu’en gondole ou en carrosse », accompagné dès cette époque d’une étonnante cohorte féminine. Ces dames, disait-il, connaissaient bien ses infirmités et lui étaient d’un grand secours. Leur présence à ses côtés alimentait aussi les rumeurs…


La couverture du pamphlet Il teatro alla modaEn 1720 parut à Venise un petit livre satirique intitulé Il teatro alla moda dont l’auteur restait anonyme. Cet ouvrage, présentant les travers du monde de l’opéra sur le mode de conseils à rebours destinés à ses différents acteurs, visait Vivaldi comme cible principale sous le pseudonyme d’Aldiviva, anagramme transparent d’« A.Vivaldi ». Plus que tout autre à cette époque en effet, celui-ci personnifiait ce genre musical. La dérision s’exerçait à l’encontre de tous les personnages et à leurs pratiques ; la critique était d’autant plus blessante qu’elle ridiculisait des défauts bien réels et visibles : le librettiste pliant son texte non aux nécessités de l’action mais, par exemple, aux désirs des machinistes, le compositeur écrivant ses airs non selon les exigences du livret mais selon celles des chanteurs ou selon des règles stéréotypées, ces derniers faisant fi des indications du musicien, les chanteuses donnant libre cours à leurs propres caprices, l’impresario rognant sur le coût des instrumentistes au détriment de la qualité musicale, etc.

Sur la couverture figurait une amusante caricature de trois personnages-clefs du Sant’Angelo et du San Moisè, naviguant sur une péotte, barque en usage dans la lagune. À l’avant, un ours en perruque (l’impresario Orsatto, assis sur les provisions faites grâce au produit de ses manigances) ; aux rames, l’impresario Modotto, ancien patron de péotte déférant au service du précédent ; à l’arrière un petit ange (Vivaldi) avec son violon, coiffé d’un chapeau de prêtre et marquant le rythme par sa musique pour donner l’allure.

L’auteur était en réalité Benedetto Marcello, musicien et lettré dilettante, qu’opposaient à Vivaldi sa conception de l’existence, sa qualité de membre de la famille propriétaire en titre du Sant’Angelo, alors en litige avec la Prêtre Roux et peut-être une certaine jalousie envers ce rival de génie, issu de la plèbe.

Vivaldi produisit à la fin de l’année 1720 deux nouveaux opéras au Sant’Angelo : La Verità in cimento et le pasticcio Filippo, Re di Macedonia. Mais le succès du pamphlet de Marcello suscita peut-être chez lui le désir de « prendre l’air » et de multiplier les voyages pour s’éloigner de temps à autre de sa ville natale. Il partit de Venise à l’automne 1722 pour Rome, muni — de surprenante façon — d’une lettre de recommandation à la princesse Borghèse écrite par Alessandro Marcello, le propre frère de Benedetto.


C’est probablement le nouveau pape Benoît XIII qui reçut en audience Vivaldi au printemps 1724Vivaldi fut reçu « comme un prince »[38] par la haute société romaine, donnant des concerts et créa son opéra Ercole sul Termodonte au théâtre Capranica en janvier 1723. L’excellent accueil reçu et le succès obtenu lors de ce séjour romain l’incitèrent à revenir à Rome pendant le carnaval de l’année suivante ; il y créa, toujours au Capranica, Il Giustino et le pasticcio La Virtù trionfante dell’amore e dell’odio dont il avait composé seulement l’acte II.


Portrait de Vivaldi
Esquisse de Pier Leone Ghezzi
Bibliothèque Apostolique Vaticane, Cité du VaticanC’est au cours de ce second séjour qu’il fut reçu avec bienveillance par le nouveau pape Benoît XIII[39], désireux d’entendre sa musique et apparemment peu préoccupé de la réputation douteuse que ce prêtre si peu conventionnel traînait après lui.

C’est également de l’un de ses séjours romains que date le seul portrait considéré comme authentique, car dessiné sur le vif par le peintre et caricaturiste Pier Leone Ghezzi.

Quelques années plus tard, dans une lettre au marquis Bentivoglio, l’un de ses protecteurs, Vivaldi devait évoquer trois séjours à Rome pendant la période de Carnaval ; cependant aucun autre document ne vient étayer la réalité de ce troisième séjour et l’on pense, d’après d’autres éléments, que le témoignage du musicien n’était pas toujours des plus fiables.
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